Entretien in petto de la photographe Claude Rouyer

 

 

Claude Rouyer crée par ses photographies une introspection particulière. « No country for the men » tel pourrait être le titre d’un tel travail où les modèles se cachent et parfois se dédoublent plus qu’ils ne se montrent. Les scènes sont crues mais poétiques dans leur genre. Exit les exutoires aux débordements libidineux.  L’artiste les « rétropulse » tant sa vision intelligente reste froide comme l’eau hivernale. Si bien que même le brûlant du désir ne peut  faire considérer ces photographies comme de la visibilité cutanée. Le corps jouxte soudain des abîmes de la maternité subtilement évoquée là où il arrive qu’un enfant se fasse dans le dos d’où surgit sa tête.

 

 

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?  Les enfants. Toujours réveillés avant moi.

 

Que sont devenus vos rêves d’enfant ?  Un rêve est ce qu'il est: un rêve.

 

A quoi avez-vous renoncé ?  Aux explications.

 

D’où venez-vous ?  De la campagne.

 

Qu'avez-vous reçu en dot ?  Du deuxième main.

 

Qu'avez vous dû "plaquer" pour votre travail ?   l’impatience.

 

Un petit plaisir - quotidien ou non :  Écouter la radio. C'est formidable la radio.

 

Qu’est-ce qui vous distingue des autres artistes ?  Je n'en sais rien.

 

Quelle fut l'image première qui esthétiquement vous  interpella ?  Un trophée de chasse. Une tête de sanglier.

 

Quelle première lecture vous marqua ? Ce n'est pas ma première lecture mais le premier auteur à m'avoir marquée: William Faulkner.

 

Où travaillez-vous et comment ?  Mes photos sont des mises en scène.  Je travaille chez moi ou dans les environs. Soit en France, soit en Belgique, cela dépend des saisons. Je collabore avec des personnes que je connais ou que je côtoie. J'ai essayé de photographier des inconnus. Cela ne m'intéresse pas. 

 

Quelles musiques écoutez-vous  ? J'aime les musiques lentes, molles.

 

Quel est le livre que vous aimez relire ?  Les oeuvres complètes de Felisberto Hernàndez.

 

Quel film vous fait pleurer ? « Drive ».

 

Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ? L'heure qu'il est.

 

A qui n'avez-vous jamais osé écrire ?  Personne.

 

Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?  Uusikaarlepyy 

 

Quels sont les artistes dont vous vous sentez le plus proche ?  Louise Bourgeois, Mike Kelley, Panamarenko, Arbus, Paollo Ucello, Jan van Eyck, Meatyard,David Lynch...

 

Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?  Un tour en montgolfière.

 

Que défendez-vous ?  je ne défends rien, je construis un endroit où aller.

 

Que vous inspire la phrase de Lacan : "L'Amour c'est donner quelque chose qu'on n'a pas à quelqu'un qui n'en veut pas"?  Je pense que l'affaire est mal barrée.

 

Enfin que pensez-vous de celle de W. Allen : "La réponse est oui mais quelle était la question ?"  W. Allen vieillit assez mal. Ses derniers films sont franchement mauvais.

 

Entretien avec Jean-Paul Gavard-Perret, novembre 2013.

 

 Site de l'artiste :

http://clauderouyer.wix.com/clauderouyer

Claude Rouyer, « Pickpocket », Editions de la salle de bain, Rouen, 7 €.

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