Sollima le magnifique - Interview de JF Giré, spécialiste du western italien, à l'occasion de la sortie du DVD "Colorado"

Le western italien ne se résume pas à la trilogie des dollars de Sergio Leone. Ceux qui en douteraient sont priés de jeter un coup d’œil sur le Colorado de Sergio Sollima.


La société WildSide porte bien son nom. Elle a la modestie un peu hautaine de certains justes. Forte de l’excellence de son travail — ses rééditions de vieilles séries B vertigineuses telles que, ce mois-ci, Gun Crazy font plus pour la cinéphilie que l’ouverture de dix multisalles —, elle « communique » assez peu. Quelques annonces publicitaires dans des revues de cinéma, s’adressant donc déjà à des convertis, et c’est à peu près tout.

C’est à peu près tout et c’est dommage, car, quand on bassinait cet été le grand public avec la sortie de cette sinistre baudruche intitulée The Lone Ranger, cette poignée de deux cents millions de dollars idéale pour vous dégoûter du western et du cinéma en général, WildSide rééditait Colorado, un western italien et superbe de Sergio Sollima qui, près d’un demi-siècle après sa sortie (1966), n’a rien perdu de sa force et de sa beauté. Puisque Noël approche, il n’est pas interdit d’inscrire ce Blu-ray dans sa liste de cadeaux.

Moins connu que Leone, très inégal, franchement décevant parfois, Sollima n’en a pas moins inscrit son nom dans l’histoire du cinéma en réalisant deux westerns saisissants — ce Colorado, donc, et le Dernier face à face. Tout en reprenant certains éléments de la machine leonienne (musique de Morricone, lieux de tournage, comédiens…), ces deux films s’en démarquent, chronologiquement, et moralement. Ils permettent aux spectateurs que nous sommes de garder une certaine foi en l’humanité.

Il convient peut-être ici de remettre en question cette idée reçue qui voudrait que le western italien soit une excroissance, si rebelle soit-elle, du western américain. On oublie que le premier grand western est romain, et s’appelle l’Énéide. Western, au sens propre du terme, car l’Énéide raconte l’histoire d’un Troyen vaincu condamné à quitter sa ville pour aller la refonder ailleurs. Ailleurs, c’est l’Italie, et l’Italie était nommée dans certains textes anciens l’Hespérie, autrement dit le pays où le soleil se couche. L’Ouest, donc. Si l’on ajoute que ce même nom, Hespérie, était parfois utilisé pour désigner aussi l’Espagne, on peut le considérer comme un double résumé de l’histoire des westerns italiens, tournés le plus souvent, on le sait, du côté d’Almeria.

Leone (qui, pour compliquer un peu plus les choses, avait des origines judéo-espagnoles) s’est plu à montrer que l’histoire des hommes était marquée par une dégradation permanente ; que les victimes d’aujourd’hui, dès lors qu’elles pouvaient relever un peu la tête, tendaient souvent à devenir des bourreaux ; qu’un homme qui, en apparence, se soulage paisiblement la vessie contre un arbre — séquence d’ouverture d’Il était une fois la révolution — entraîne un tsunami au royaume des insectes ; bref, que l’innocence n’est jamais qu’un mirage.

Le cinéma de Sollima reprend ces grandes lignes. Le vertueux professeur d’histoire et de philosophie interprété par Gian-Maria Volontè dans le Dernier face à face ne tarde pas à devenir le chef de la bande de brutes par qui il a été enlevé et, très vite, se révèle plus violent, plus cynique et plus impitoyable que tous ses sbires. Les exploitants agricoles de Colorado, dont on peut raisonnablement penser qu’ils descendent de malheureux immigrés, se servent de leur réussite pour devenir des exploiteurs et préfèrent de beaucoup une injustice à un désordre.

Mais le cinéma de Sollima raconte toujours, plus discrètement, une autre histoire, parallèle ou « antiparallèle » — suggérée peut-être par ses producteurs, mais faisant partie intégrante du produit fini. Pendant que l’homme de bien cède à la corruption, le représentant du mal — dans Face à face, le chef original des brutes — éprouve du dégoût en assistant à cette métamorphose, et « bascule » lui-même en sens inverse, ce que notre pessimisme latent nous empêche de voir tout de suite. 

Naïf, Sollima ? Peut-être. Mais naïf comme Montesquieu dans le premier chapitre de l’Esprit des lois : « Dire qu’il n’y a rien de juste ni d’injuste dans ce qu’ordonnent ou défendent les lois positives, c’est dire qu’avant qu’on eût tracé de cercle, tous les rayons n’étaient pas égaux. »

Paradoxalement, le plus naïf, dans cette affaire, pourrait bien être Sergio Donati, coscénariste de Colorado, qui explique dans un bonus que Lee Van Cleef n’avait accepté son rôle de chasseur de primes que parce que Sollima avait eu l’habileté de lui faire croire que c’était le rôle principal alors qu’en fait le vrai protagoniste était le péon Cuchillo interprété par Tomas Milian. Non, le vrai héros du film, c’est bien Van Cleef. Tout simplement parce qu’il évolue. La première séquence du film le présente comme un chasseur de primes sans le moindre état d’âme, n’hésitant pas à tuer trois hommes, dont un très jeune, dès lors qu’ils sont officiellement wanted. Aussi accepte-t-il sans discuter la mission que lui confie un groupe de propriétaires terriens. Il doit rattraper ce péon en fuite coupable d’un viol. Il le rattrapera. Seulement, au fil de sa traque, le doute s’insinue dans son esprit, et il comprend peu à peu que ce péon n’est qu’un innocent que les nantis ont décidé de sacrifier pour disculper le vrai coupable — l’un des leurs. Van Cleef n’éprouve pas de sympathie particulière pour Milian, même s’il finira par s’allier à lui. Ce qu’il ne peut pas supporter, c’est d’avoir été manipulé par ses commanditaires, d’avoir été lui-même le dindon de la farce, alors même qu’il pensait être celui qui tirait les ficelles. La musique de Morricone, l’une des plus « explosives » que le compositeur ait jamais écrites, accompagne de bout en bout cette prise de conscience.

Le Blu-ray de Colorado est accompagné d’un livret de 128 pages intitulé le Vautour et la proie, sur Sollima et sur le western italien en général, avec nombre de photos et de reproductions d’affiches. L’auteur en est Jean-François Giré, qui hante depuis des années les bonus de westerns all’italiana édités en dvd. Il est, véritablement, le Pic de la Mirandole de ce genre cinématographique. C’est tout naturellement vers lui que nous nous sommes tourné pour savoir ce que représentent encore aujourd’hui le western italien et le cinéma de Sergio Sollima.

Quel est le premier western italien que vous ayez jamais vu ?

Le Bon, la brute et le truand de Leone. Et, comme je le raconte dans le premier volume de mon encyclopédie du western européen, je l’ai vu clandestinement. C’était un film interdit aux moins de dix-huit ans et, quand il est sorti, en 1968, j’avais treize ans. Le camarade avec qui je suis allé le voir et moi-même avons donc eu recours à quelques artifices vestimentaires pour nous vieillir, sans toutefois aller jusqu’à la fausse barbe ! Franchir l’obstacle de la caissière a été relativement facile ; en revanche, il a fallu exercer toute notre force de persuasion quand l’ouvreuse a braqué sa lampe sur nous en prophétisant de gros ennuis si un contrôle avait lieu.
Le choc représenté par ce film a été si grand que nous sommes restés à la séance suivante. Je sais que certains aficionados intégristes considèrent que l’histoire du western italien s’arrête avant le Bon, la brute et le truand, mais je trouve, moi, qu’il y a dans ce film l’apogée d’un style.

Et ce « choc » a donc été à l’origine de votre vocation de spécialiste du western italien ?

J’ai commencé à m’intéresser de plus près à ce genre, d’autant plus qu’a priori il me rebutait un peu. J’étais comme ces enfants qui refusent un plat sans l’avoir jamais goûté. Mon père et moi étions très friands de westerns américains. Tous les dimanches après-midi, nous allions au cinéma — les salles ne manquaient pas dans notre XIVe arrondissement et l’Olympic Entrepôt qui fut un temps le fief de Frédéric Mitterrand était à l’origine un cinéma de quartier — et nous revenions chez nous en courant pour voir sur la deuxième chaîne, vers 16h., un épisode du Virginien. Certains réalisateurs importants ont fait leurs classes dans des séries américaines comme celle-ci. Sauf erreur, Richard Sarafian, Robert Altman, même, ont mis en scène des épisodes de la Grande vallée ou des Mystères de l’Ouest.

J’ai un faible pour tous les films d’Anthony Mann avec James Stewart. L’Homme de la plaine, Winchester 73… Puis-je dire que je préfère Mann à John Ford ? J’aime bien Ford aussi, mais je le trouve parfois un peu trop chrétien, et la réputation de la Prisonnière du désert me semble très surfaite. Je place bien au-dessus l’Homme qui tua Liberty Valance, étrange film, western de studio, mais où s’exprime un désenchantement que j’apprécie beaucoup. Que voulez-vous ? j’ai lu Voyage au bout de la nuit — ce même Voyage que Leone songea un temps à adapter au cinéma —  quand j’avais quinze ans. Cette lecture a contribué à me donner une vision du monde moins enchanteresse que celle que pouvaient avoir les gauchistes de ’68.

Et c’est ce désenchantement qui a retenu mon attention dans le western italien. Celui-ci entendait montrer l’envers du décor. Il nous révélait que l’Amérique n’était pas tout à fait l’Amérique dont nous avions été bercés. Il rejoignait le désenchantement que nous pouvions ressentir après la fête — après toutes les barricades gauchisantes. Je pourrais vous citer cet ancien marxiste devenu producteur de cinéma, qui a toujours derrière lui sur le mur de son bureau un portrait de Karl, mais qui traite toutes ses secrétaires et tous ses employés comme des chiens…

Je trouve que la lecture gauchisante qu’on a pendant longtemps proposée des westerns italiens était très exagérée. Exception faite d’El Chuncho, de Damiano Damiani, les westerns italiens sont des œuvres d’anarchistes de droite. Revoyez El Mercenario, revoyez Il était une fois la révolution…

Avec le dvd et Internet, on peut voir aujourd’hui sans difficulté à peu près tous les films que l’on veut, mais, dans les années soixante, les salles de cinéma étaient les seuls lieux où l’on pouvait découvrir des films…

Oui, chaque semaine, j’épluchais religieusement Pariscope et l’Officiel des spectacles. Mes battues ne dépassaient pas, toutefois, les frontières de l’Ile de France. L’arrivée de la VHS m’a permis de me constituer un « réseau », avec des ramifications en Belgique et en Australie. J’échangeais cassettes, photos et affiches. Et, depuis très longtemps, je collectionnais les bandes originales de films (puisque ma mère tenait une boutique de disques). Je n’ai conservé aucune de ces cassettes : le dvd nous a fait passer du Moyen Age à la modernité !

Comment en êtes-vous venu à écrire sur le western italien ?

Je collectionnais donc photos, affiches et articles de presse, et j’écrivais un peu pour moi. Je me suis retrouvé un jour à travailler chez Castel. Leone, qui séjournait fréquemment à Paris, venait souvent dans ce club privé avec le producteur Norbert Saada. Un jour, je lui ai présenté une espèce de classeur que j’avais composé avec des photos et des textes. « Puisque vous connaissez tant de choses sur le western italien, pourquoi n’écrivez-vous pas ? » m’a-t-il dit. Mais cet encouragement n’a pas été totalement déterminant. Je dois à Leone moins ma vocation d’historien du cinéma que celle de monteur. J’avais été très frappé par la manière dont il raccordait dans ses films certains plans larges avec de très gros plans. Cette agressivité dans le montage me plaisait. Ce sont ces audaces de Leone qui m’ont poussé à choisir le métier de monteur, métier, soit dit en passant, sous-estimé par les revues de cinéma. On donne très rarement la parole aux monteurs, alors que des gens comme Leone ou Arthur Penn ont bien dit que le montage était leur « deuxième mise en scène » du film. De fait, c’est au montage qu’un film se révèle.

Ce qui a véritablement déclenché ma vocation d’écrivain, c’est l’agacement que j’ai pu éprouver en lisant les critiques qui se déversaient systématiquement sur des réalisateurs comme Sergio Corbucci, Ferdinando Baldi, Ducio Tessari ou Sergio Sollima. J’ai écrit en réaction contre ces tombereaux d’injures.

Peut-être de tels réalisateurs prêtaient-ils le flanc à de telles critiques à cause du caractère très inégal de leurs films ? Les jamesbonderies tournées par Sollima avant ses westerns — Un Certain Monsieur Bingo, entre autres — sont proprement affligeantes…

Oui, mais ils ne sont pas les seuls à avoir eu des carrières inégales. Je trouve, par exemple, bien brumeuse la Brume électrique de Bertrand Tavernier. Pour tout vous dire, je suis un peu fâché avec la notion de cinéma d’auteur. Je revois Truffaut arrivant un matin, bouleversé, dans la salle de montage — je travaillais sur le Dernier métro — et nous disant : « Les enfants, j’ai revu hier un film de René Clément, le Jour et l’heure. A l’époque où j’étais critique, je l’avais démoli… » Et il s’en voulait tellement de l’avoir démoli qu’il s’était assis à son bureau pour écrire à Clément une longue lettre dans laquelle il lui présentait ses excuses. En fait, tout réalisateur a des hauts et des bas. Les derniers films de Clément — la Baby-sitter en particulier — sont vraiment très mauvais. Mais il y a aussi des films de Truffaut qui, me semble-t-il, sont devenus très difficiles à avaler.

J’ai découvert Sollima avec Colorado. Ce n’est qu’ensuite que j’ai vu ses films policiers, qui sont effectivement des œuvres sans personnalité, qui n’apportent rien de plus que tous les autres faux « James Bond » made in Cinecittà à l’époque. Les « Bond » étaient des films sans doute trop récents pour que les Italiens puissent se libérer de leur moule. En revanche, face au western, qui était de l’histoire ancienne, ils se sont sentis beaucoup plus libres et c’est en tournant des westerns que des gens comme Corbucci ont réalisé leurs œuvres les plus personnelles. Voyez Django ou le Grand silence

D’une certaine manière, ce sont les Espagnols qui, en ressuscitant Zorro, avaient inventé le western italien. Mais ils n’ont pas voulu être iconoclastes et leurs films n’ont jamais dépassé le niveau des séries B américaines. Les Italiens, eux, n’ont eu aucun respect. Ils n’ont pas craint de latiniser le genre. 

On comprend que le succès du western italien ait attiré le succès, mais qu’est-ce qui, selon vous, a véritablement été à l’origine du genre, à un moment précis ?

Les Italiens avaient dû subir pendant des années le cinéma de Mussolini. Et ils avaient éprouvé une grande frustration. La découverte, après la guerre, de la littérature et du cinéma américains a été pour eux un véritable choc. Ils ont été fascinés. Ils ont eu envie de faire la même chose. Mais cette envie s’est doublée du désir de démolir par l’ironie. Leone, qui ne pensait pas au départ que ses films connaîtraient le destin qu’ils ont connu, l’a d’ailleurs clairement expliqué : « J’avais l’intention d’abîmer le western américain. » On a pu par la suite assister à une intellectualisation du genre. Certains westerns sont des histoires de mafia déguisées en westerns, ou des brûlots gauchisants camouflés en westerns.

Colorado, d’ailleurs, était à l’origine une histoire contemporaine qui devait se passer en Sicile. C’est Leone qui, voyant ce scénario qui traînait sur le bureau du producteur Alberto Grimaldi, a suggéré à celui-ci de le transposer dans l’univers du western. Et Grimaldi a tout de suite pensé à Sollima, qui venait de réaliser pour lui plusieurs polars. Mais la transposition n’a pas été une simple transposition : la figure de Cuchillo, interprété dans le film par Tomas Milian, est une création de Sollima et de son scénariste Sergio Donati.

Qu’est-ce qui, selon vous, différencie Leone et Sollima ? Et pourquoi Leone a-t-il dit tant de mal de Colorado ?

Leone est un styliste pur, pour qui une histoire peut être racontée uniquement par le biais de la mise en scène. Sollima travaille sur des scénarios très élaborés. Cela dit, Sergio Donati m’a un jour montré le script d’Il était une fois dans l’Ouest. Tout est déjà là, très élaboré, très pensé, et l’idée que Leone ait pu improviser est une erreur grossière. Disons que, du point de vue du style, Leone s’applique à presser le citron jusqu’à la dernière goutte.

Pourquoi a-t-il condamné Colorado ? On lui a trop dit, je crois, qu’il était « le père du western italien ». Il ne voulait pas être le père de tout un tas de rejetons indignes. Dans le cas de Colorado, qui était un bon film, je pense qu’il a cédé à la jalousie.

Ne peut-on pas dire qu’il y a chez Sollima un optimisme discret, mais réel, qui se distingue de la noirceur de Leone ?

En tant que monteur, je ne suis pas fanatique des versions longues, qui font uniquement le bonheur de certains fétichistes. Les versions longues d’Apocalypse Now, du Grand bleu, et même du Bon, la brute et le truand n’ajoutent pas grand-chose aux versions initiales. Dans le dernier cas, l’adjonction dans la bande son de coups de feu à l’américaine, sans rapport avec cette musique des coups de feu qui était la marque de Leone, est même catastrophique. On nous annonce une version longue d’Il était une fois en Amérique : je crains le pire. Le seul film qui, à mon avis, gagne dans la longueur est la Porte du Paradis de Cimino.

Mais il faut voir Colorado et le Dernier face à face dans leurs versions, non pas longues, mais complètes, qui sont apparues assez tardivement. Les deux films n’avaient pas été coupés par le producteur (les coupes imposées par les producteurs sont souvent pertinentes), mais charcutés — en tout cas pour la v.f. — par le distributeur, ce qui est tout à fait différent. L’évolution « positive » de Milian dans Face à face apparaît de façon nettement moins sensible dans la version tronquée, puisqu’elle se fait subtilement, par petites touches. 

Cela dit, Sollima se défendait — et en cela il était en désaccord avec le scénariste Franco Solinas — de faire du cinéma politique. Certes, le personnage de Lee Van Cleef dans Colorado se caractérise par une certaine probité, mais Sollima avait initialement envisagé pour Colorado un dénouement dans lequel Tomas Milian mourait. C’est le producteur Alberto Grimaldi qui a exigé un dénouement plus « heureux ». 

Colorado a incontestablement quelque chose de plus que les autres westerns. Je me souviens que j’ai cassé ma tirelire et que je suis allé le voir trois fois le mois de sa sortie. Je suis tout particulièrement sensible à ses qualités visuelles. Almeria y est filmé d’une manière qui se démarque de la platitude qu’on rencontre dans un très grand nombre de westerns. 

Que reste-t-il aujourd’hui du western italien ?

Il a gagné une place qu’il n’a pas eue pendant longtemps. Il a eu une influence sur le western américain. Je ne pense pas que, comme on le dit souvent, cette influence soit à trouver dans la violence ou dans l’esthétique de films comme Soldat bleu ou Little Big Man. Elle se joue en fait dans les thèmes mêmes. Scorsese, Coppola, Tarantino, Altman même (son McCabe & Mrs Miller s’apparente, par certains aspects, au Grand silence) ont été amenés par le western italien à remettre en question le western américain classique, à le faire sortir de son carcan.

Aimeriez-vous, après Colorado, contribuer à la résurrection d’autres westerns ?

J’avais déjà poussé WildSide à éditer cette perle étrange qu’est Blindman. Il y a deux autres perles que j’aimerais qu’on exhume : Django porte sa croix — ce titre français est ridicule, mais le titre original italien est plus explicite : Quella sporca storia nel West (« Cette sale histoire dans l’Ouest ») ; ce film totalement inconnu est une adaptation libre d’Hamlet réalisée par Enzo G. Castellari sur un scénario de Sergio Corbucci. L’autre film est El Desperado, le seul film réalisé par Franco Rossetti, scénariste du Django de Corbucci. Le héros, dans ces deux films, est interprété par Andrea Giordana. Héros meurtri.

Propos recueillis par FAL

Remerciements à Paola Boileau, sans qui…

Colorado
Un film de Sergio Sollima avec Lee Van Cleef et Tomas Milian
Blu-ray, dvd et livre
WildSide
2013

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