"Des nouvelles de la planète Mars", rencontre avec le réalisateur Dominik Moll

Philippe Mars (François Damiens) a une vie rangée. Pas forcément édifiante mais rangée. Trop. Quand débarque un trublion, ex-collègue de travail (Vincent Macaigne), tout va exploser. D’un côté un homme routinier, de l’autre un idéaliste défendant des idées écologistes (entre autres). L’accord entre eux est loin d’être parfait, et pourtant… Tel est le thème de cette réalisation de Dominik Moll qui, depuis Harry un ami qui vous veut du mien, ne cesse de surprendre. Une comédie au ton parfois amer qui réveille le spectateur jusqu’à le bousculer…


Quelle est la part d’autobiographie dans ce film ?

Il y en a toujours dans un film dont on est à la fois le scénariste et le réalisateur. Mais je ne suis pas végétarien, j’aime un peu trop la viande pour ça ! Je reste un consommateur de viande raisonnable, modéré et conscient. Le discours des végétariens, surtout en ce qui concerne les élevages industriels, me semble tout à fait censé. Il y a dans cette industrie une folie délirante mais qui traduit notre époque : travailler à moindre coût avec un maximum de profits. Ceci dit, j’ai conscience que si moi je peux acheter un poulet bio, il est trois fois plus cher que celui que la plupart des gens peuvent se payer au supermarché.


Donc les sujets du film reflètent vos propres préoccupations ?

Il y a des questionnements qui me sont proches, notamment sur ce qu’on doit transmettre aux enfants, comment leur donner confiance en l’avenir ? Le film reste ludique mais ce sont des vraies questions que je n’avais pas envie de galvauder. De tous mes films celui-ci est celui qui est le plus inscrit dans son époque.


Avez-vous vécu les situations de votre personnage principal ?

Pas forcément à moi ! Le truc du texto c’est arrivé à un copain à travers son fils, par exemple. Ce sont souvent des choses qui ont existé. Se faire traiter de looser par son fils c’est arrivé à un ami, éditeur de renom !


Quel genre d’humour défendez-vous ?

Je ne veux pas me moquer des gens. Je veux que l’on rit parce que la situation est drôle et qu’on puisse s’y reconnaitre. Le rire facile ne m’intéresse pas.


Il parait que vous être très exigeant sur un plateau…

Je crois au travail. Pas seulement dans le cinéma. Il faut être exigeant envers soi-même et les autres et travailler. Plus on travaille plus on a de chance d’arriver à un bon résultat. Que ce soit dans l’écriture du scénario ou dans le travail avec les acteurs. Alors oui je suis exigeant avec eux. J’exige qu’ils apprennent leur texte avant le tournage alors qu’en France beaucoup d’acteurs ne le font pas et ça me rend dingue ! Un film ça coûte de l’argent alors par respect des gens qui invertissent on se doit d’être au mieux, de tout donner. Mais je n’ai pas l’impression d’être un dictateur sur le plateau…


Quel a été votre rapport avec François Damiens ?

C’est un acteur qui vient de l’improvisation, des caméras cachées, et il est très bon là-dedans. Souvent les réalisateurs croient que s’ils le contraignent il va perdre de sa spontanéité alors que c’est complètement faux. À l’intérieur d’une contrainte, il reste très bon et même meilleur !


Qu’est-ce qui vous a poussé vers lui et Vincent Macaigne ?

Tous les deux sont des acteurs très singuliers. Ce que j’aime chez eux c’est qu’ils ont à la fois une vraie folie et une vraie capacité à émouvoir. Je ne voulais pas faire un film où on rigole pour rigoler mais avec des vrais thèmes d’émotion. Il fallait qu’on soit en empathie avec eux. Si je choisis des comédiens comme eux c’est parce que je sais qu’ils vont m’apporter des éléments inattendus. Je les ai mis dans un cadre mais jamais dans un carcan.


François Damiens m’a chargé de vous demander que reprochez-vous Jacques Brel ?

Ah ! C’est vrai que ce n’est pas ma tasse de thé. Pour moi c’est trop dans le pathos. Le fait qu’il transpire, qu’il en fait des tonnes. En même temps, il avait l’air très sincère mais c’est vrai que moi, par gout, j’aime bien les chanteurs qui n’étalent pas… Côté crooners, j’aime beaucoup Bing Crosby mais je n’aime pas du tout Sinatra. En France, il y a Gainsbourg. En revanche des gens comme Delerm je trouve ça un peu plat.


DES NOUVELLES DE LA PLANETE MARS

De Dominik Moll

Avec François Damiens, Vincent Macaigne

1h41

Sortie le 9 mars


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