Jacques Cauda prophète noctambule

Jadis – du temps de Mai-68 – Jacques Cauda aurait pu être nommé "enragé". Mais il est plus profond qu'un simple révolutionnaire. Il plonge dans le monstre humain. Toutefois ces coups de sang et ses provocations sont pleine de tendresse.

Pour les femmes entre autres. Et plus particulièrement celles qu'on bafoue. Semblant s'en prendre aux autres il s'en prend à lui-même car c'est la manière de faire sourdre ce qu'il existe dans l'homme, ses ombres, ses entrailles mais aussi ses lumières. Une telle littérature fantasmatique comme chez Sade devient le plus sûr garant pour ne pas se payer de mots même si les siens sont les plus crus.

Celles et ceux qui l'accompagnent en ce "Rapport" se reconnaissent dans les images désarticulées de l'auteur. Ils ne cherchent pas forcément à répondre de ses angoisses et question mais elles et ils l'accompagnent. Comme lui ils entrent dans ce qui broie et que tant d'autres se contentent de regarder de loin, avec stupeur. Toutes ces tentatives semblent les divagations. Elles restent pourtant au plus près de l'auteur qui peut-être attend une révolte de leur part comme celle qu'il espère de ses lecteurs. 

Grâce à lui ils creusent des surfaces. Sous forme de "killer" et érotomane, il reste un prophète noctambule et une force qui va contre la mort que l'on se donne ou qui nous est donné. D'où cette œuvre au croisement de tant de domaines qui plonge dans l'infini comme dans le fini. Il charge ses livres de réalité comme de fiction et d'Histoire pour que tout s'emballe. Les auteurs qui l'accompagnent ne se dégagent pas de ses lignes et zébrures. Elles et ils les font leurs,  pour échapper aux erreurs que trop  la littérature ne fait que cautionner.
 

Jean-Paul Gavard-Perret

Collectif, Le Rapport Cauda, Editions Tarmac, Nancy, septembre 2021, 90 p.-, 20 €

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