James Coignard le pionnier

L’œuvre de James Coignard reste impressionnante car elle transporte plus loin les frontières de la peinture en offrant non pas une œuvre mais une œuvre à faire. Le projet constitua l’œuvre, l’œuvre résida dans son projet qu’elle dépassa, l’emmena plus loin que le créateur lui-même pensait la porter. Ne « parlant » plus le langage pictural de son temps, l’artiste le chargea de la rendre comme une peinture hors du monde visible. Si bien que la chauffe mentale a rarement été portée aussi loin et à une si haute température dans la création. Une limite du pensable, du possible de la peinture fut  franchie.


James Coignard reste donc un libérateur du territoire pictural dont jusqu’à lui des limites interdisaient l’accès. Sans doute parce que le sens de sa vie était de peindre. C’était rejoindre quelque chose ou quelque lieu qui était au-delà ou en deçà du sens. Pour atteindre un tel « point » le « sens » de la penture devait donc atteindre une sorte particulière de non sens ou de ce qui n’en avait pas encore. Ou plus. Coupant un certain nombre de relais figuratifs et même abstraits, insérant des éléments « parasites » à sa peinture Coignard a donc volé des secrets pour ranimer la vigueur du langage pictural. Il a remis l’esprit en contact immédiat avec les sensations en faisant dériver les lignes ou les éclabousser de couleurs. La peinture garde ainsi l’audace d’un pionnier qui peignant sans rien représenter qui ne cesse de « re-présenter ».

 

Jean-Paul Gavard-Perret


James Coignard, « Rétrospective », Bogéna Galerie, Saint Paul de Vence, du 2 au 24 août 2014.

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