Au cœur de la Révolution, les leçon d'Histoire d'un jeu vidéo

La France est la championne des petites polémiques vaines et fondées uniquement sur la fausse image que tel homme politique veut donner de lui et de ses modèles, quitte à nier la vérité historique, pour exister quelques instants. Jamais avare de petits coups de gueule, Jean-Luc Mélanchon s'est acharné contre un jeu vidéo, Assassin's credo unity, des studios Ubisoft, pour en critiquer les erreurs et la mauvaise image qu'il y a trouvée de son héros, Robespierre — un ange ! — dans ce jeu qui serait "de la propagande contre le peuple"... On attend ses analyse sur Wolfenstein (ah non là on massacre des nazis, on peut) et autres jeux qui utilisent l'histoire comme trame de fond. 
Outre que cette polémique est d'une crétinerie ineffable, utile pour avoir cinq minutes d'antennes guère plus, elle dénote un regard particulier porté sur les jeux vidéos et, par exemple, pas sur les livres ou les films. Va-t-on chercher dans telle uchronie si les plaques des noms de rues sont du bon modèle à la bonne époque ? va-t-on au cadastre pointer telle ou telle erreur ? critiquer l'apparition des drapeaux bleu-blanc-rouge avant la date ? 
Le jeu vidéo, qui est la cible privilégiée de tous les parangons de la morale dès qu'un événement fâcheux se produit — s'il a tué ses petits camarades, ce n'est pas à cause de libre circulation des armes mais parce qu'il jouait à tel jeu... —, se voit maintenant accusé d'être un outil de propagande politique ! 
Laurent Turcot, professeur d'Histoire à l'Université du Quebec, et Jean-Clément Martin, professeur émérite à l'Université Paris-I, tous deux consultants pour Ubisoft, reviennent avec beaucoup d'humour et d'intelligence sur cette polémique, qui a fait rire jusqu'à la presse américaine, et sur ce qu'elle signale de la société française aussi bien que sur le statut à part des jeux vidéo dans l'imagination collective de ceux qui n'y jouent pas ! 

Au cœur de la Révolution, les leçon d'Histoire d'un jeu vidéo est aussi un travail justificatif de leur travail précis d'historien en rappelant avant tout que leur volonté était de créer le décor le plus réaliste et vraisemblable possible d'un jeu qui, au contraire, par sa beauté et sa très belle jouabilité, pourra conduire les joueurs à s'intéresser à cette période l'Histoire. 

 
Il faut imaginer Mélanchon en gamer heureux plutôt qu'en éternel Grincheux ! 

Loïc Di Stefano

Jean-Clément Martin et Laurent Turcot, Au cœur de la Révolution, les leçon d'Histoire d'un jeu vidéo, Vendémiaire*, avril 2015, 122 pages, 14,50 eur
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