Jean Streff : un train peut en cacher un autre

Dans ce roman moins de gare que de train se retrouvent des inconnus au bataillon du réel. Quoique ce convoi soit de nuit pas question de s'y endormir.
Le héros doit en effet lutiner – et ne s'en prive pas – des créatures expertes à mesure que cet improbable convoi s'enfonce dans des souvenirs et en l'espoir qu'ils fassent à eux seuls le futur irrécusable.

Quant au présent il reste aléatoire. Partant de la Gare de Lyon cet obscur TGV traverse autant la "douce" France, que le territoires des cow-boys et indiens (face Gary Cooper et Grace Kelly), des rayons de super marchés, voire des départementales où roulaient jadis, vu d'ici, des voitures pas plus grandes que des Dinky Toys.

De fait à mesure qu'il avance ce train recule. Ce qui n'est pas le cas du voyageur presque solitaire. Il perd sa comprenette entre des femmes improbables, le fantôme d'Édith Piaf et les stars de son cinématographe.
Mais de fait ce voyage à minuit pétante eu égard à l'heure où il naquit est un moyen - ou un prétexte - pour trouver la raison de la mort de celle qui -succombant – vient de l'ouvrir (selon le beau lapsus de Pierre Loti).

Dès lors tout est possible - même le pire entre panthère noire, amour et chansons réaliste. Jusqu'à estimer qu'un tel fils prodige et fornicateur pourrait  par effet de bande et de langue être  le meurtrier de sa mère.
Il convient au lecteur de le découvrir avant que ce "mystery train" rejoigne son point de départ. 
À moins qu'il ne soit jamais parti. Ce qui est aussi de l'ordre du plausible.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Jean Streff, En souvenir de demain, coll. Bleu Turquin, éditions Douro, Montreuil, mars 2021, 164 p.-, 18 €

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