"Involution", le galop de l'entropie

Le terme d’ « involution » implique l’idée de régression et donc par conséquent d’une « chute » de l’espèce humaine. Un roman portant ce titre suscite donc pas mal d’attentes !


Un auteur en vogue


Publié dès 1999, Johan Héliot s’est fait remarquer avec Faerie Hackers et surtout la trilogie de la lune chez Mnémos, cycle steampunk qui avait le mérite d’implanter en France ce sous-genre. Il est l’adepte d’une narration efficace, allié à une culture de « rôliste » qui le rend tout de suite familier et sympathique auprès d’une partie des lecteurs de science-fiction et de fantasy : Faerie Hackers, par sa mise en abyme permanente (un jeu vidéo est conçu par un démon pour permettre à des joueurs du monde réel d’aller liquider des fées dans une autre dimension) suscita par exemple un certain enthousiasme, malgré des personnages assez simplistes, des psychologies sommaires… ces défauts transparaissaient moins dans ses collaborations, par exemple avec Bloodsilver (signé sous le pseudonyme de Wayne Barrow), co-écrit avec Xavier Mauméjean (l’excellent auteur d’American Gothic). On aborde donc Involution avec circonspection mais sans a priori…


Roman-catastrophe…


Lorsque Vincent débarque à Sao Paulo, ce n’est pas pour profiter du farniente ou des belles pépées. Il a été engagé par GLOBO, géant des moteurs de recherche et concurrent direct de Google mais c’est un prétexte : il est venu retrouver son ex-femme, Chloé (engagée dans un projet de forage pétrolier) et sa fille. Pendant ce temps, l’hémisphère sud est secoué par de graves perturbations magnétiques, au point que les autorités scientifiques redoutent une inversion du champ magnétique terrestre, laissant ainsi passer des rayons mortels pour l’humanité. Et dans les rues de Sao Paulo, un jeune truand qui se croit protégé par une espèce de divinité locale ressuscite mystérieusement…


Pour une bérézina littéraire


Le terme choquera mais force est de constater que Johan Héliot n’a pas corrigé ses défauts initiaux. Le personnage de Vincent par exemple, qui exhibe en  permanence la douleur d’avoir perdu sa famille, est assez insipide. Idem pour Chloé qui, pour en imposer aux machos de base du chantier de forage pétrolier, en fait des tonnes dans la vanne et la « tchatche » (sur le mode « respectez-moi-même-si-je-suis-une-femme-j’en-ai-aussi »). L’ensemble sonne « cliché », à la limite de ce que peut écrire un Guillaume Musso par exemple. C’est dommage car, sur le plan des idées, et sans dévoiler le fond d’un livre assez prenant dans sa partie spéculative, le lecteur se laisse porter, gagné même par la thèse du roman. Dommage… A quand une nouvelle collaboration avec Xavier Mauméjean ?


Sylvain Bonnet


Johan Heliot, Involution, J’ai lu nouveaux millénaire, janvier 2014, pages, 13 €

3 commentaires

Bonjour,

il n'est pas dans mes habitudes de réagir à des chroniques, même quand elles sont comme c'est ici le cas négatives, mais je tiens à préciser que je ne suis pas issu du jeu de rôle et n'ai donc aucune culture rôliste, contrairement à ce qui est avancé, et que mon pseudonyme s'écrit avec un H - Héliot, donc, comme sur la couverture du livre ! Merci de modifier...

Johan Heliot.

Bonjour Johan, l'orthographe est réparée, pardon, quant au contenu, il reste de la liberté de l'auteur de l'article. J'espère vous relire prochainement chez Rageot !

Johan, pour l orthographe, mes excuses et je tiens a assurer ici que je n avais aucune intention malveillante en la commettant. Pour ce qui concerne mon assertion sur le milieu roliste, elle correspondait a mon sentiment, subjectif, par rapport a faerie hackers. Desole maintenant pour le manque d accent mais j ecris d Espagne.