Last Hero Inuyashiki, tome 1

Monsieur Ichiro Inuyashiki fait plus vieux que son âge. Il a deux enfants, un garçon et une fille qui le méprisent. Son travail de bureau l'ennuie. Personne ne le respecte, hormis son chien. Bref Monsieur Inuyashiki vit une existence tout ce qu'il y a de plus banal. Lors d'une visite médicale, on lui diagnostique un grave cancer : il ne lui reste plus que trois mois à vivre. Il décide de ne pas en parler à sa famille, supportant la nouvelle seul.

Un soir qu'il promène son chien et ressasse ses problèmes, Inuyashiki est pulvérisé par le crash d'un vaisseau venu de l'espace. Les extra-terrestres voulant passer inaperçus, décident d'utiliser leur technologie avancée pour reconstituer le vieil homme… Inuyashiki se réveille le lendemain matin, frais et dispo. Mais rapidement, il découvre que quelque chose en lui a changé : il n'est plus humain, les E-T l'ont recomposé sous la forme d'un robot androïde à la puissance inimaginable…


Le très beau début de Last Hero Inuyashiki est remarquable. Hiroya Oku dépeint de façon crédible le quotidien d'un cinquantenaire. Un quotidien fait d'habitudes, de faiblesses, d'inquiétudes, de déceptions et de peurs. Hiroya Oku travaille par petites touches, par petits tableaux de la vie de tous les jours, qui bout à bout font que le lecteur finit par plaindre Inuyashiki.

Le héros de mangas est généralement un adolescent nigaud et vierge qui devient surpuissant. À ce stéréotype, Hiroya Oku préfère un presque-sexagénaire. Dans ce Japon dénoncé comme déshumanisé et sans repères, les seuls êtres « humains » sont donc un robot malgré lui et un clochard, c'est-à-dire un « homme vide » (comme il se désigne) et un marginal. Les adolescents sont au mieux superficiels, apathiques et frustrés ; au pire assassins. S'agit-il pour Oku d'annoncer un futur conflit de générations ?


On connaissait le mangaka Hiroya Oku pour « Gantz », dans lequel il explorait déjà l'humain. Ou plutôt il y découpait le corps humain en tranches, littéralement, rappelant l'exposition Our Body ou certains travaux de l'anatomiste Gunther Von Hagens. Le corps il en est aussi question dans Last Hero Inuyashiki, avec des passages incroyables où le crâne s'ouvre pour laisser voir l'unité centrale, la mécanique interne. Les traits d'Oku d'une précision clinique sont comme des coups de scalpels qui disséquerait les corps sur fonds photo-réalistes. Résultat : un sentiment de malaise. Fort.


Ce premier tome de Last Hero Inuyashiki se démarque donc par une dimension sociale qui pourrait bien être développée par la suite. Très prometteur.


Stéphane Le Troëdec




Hiroya Oku (scénario et dessins)

Last Hero Inuyashiki, tome 1

Édité en France par Ki-Oon (10 septembre 2015)

212 pages n&b sur papier mat sous couverture souple

7,90 euros

ISBN : 9782355928581


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1 commentaire

ccourouve

aussi : la présence des robotechs comme patrimoine culturel japonais, pour cette raison le papy est un super-héros bionique et pas moléculaire ou nucléaire