Tout Mark Twain en quatre titres ? La Pléiade relève le défi !

C’est une œuvre abondante que celle de Mark Twain (1835-1910), voire considérable dès que l’on ajoute aux vingt-deux volumes rassemblés du vivant de l’auteur, les éditions posthumes de son théâtre, sa correspondance, son autobiographie, ses carnets de note, ses contes, articles, récits… Abondante, donc, mais parfois bien disparate voire dispersée, agrégée au fil des voyages, des envies, l’occasion faisant le larron, surtout quand on est un écrivain, un artiste… Comment alors faire un choix, décider de publier ceci plutôt que cela. De son vivant, on le prenait plutôt pour un humoriste et non comme un écrivain sérieux, au même titre qu’Henry James (1843-1916), son contemporain.
Une fois encore, c’est après sa mort qu’il sera reconnu à sa juste valeur…

 

Les éditeurs ont pris le parti de présenter, dans l’ordre chronologique de leur parution, quatre ouvrages publiés par Mark Twain entre 1876 et 1894 : un concentré de l’inspiration mississipienne de l’écrivain, en quelque sorte. Il y a trois romans : les Aventures de Tom Sawyer (1876), Aventures de Huckleberry Finn (1884-1885), La Tragédie de David Wilson le Parfait Nigaud (1894), et un long récit, La Vie sur le Mississipi (1883).

 

Voici donc, en un peu plus de mille six cents pages, des histoires racontées dans une langue scintillante et porteuse d’images vigoureusement colorées en provenance d’une Amérique que nul n’avait montrée avant lui. Ce pays-continent des lisières, celle de l’Ouest surtout, à demi sauvage, qui se confondait presque entièrement avec celle du vieux Sud esclavagiste.

Des aventures sensationnelles sont offertes au lecteur, à commencer par celles de Tom Sawyer qui va découvrir à la fois un meurtre et un trésor dans un village tout droit sorti d’un conte de fées ; puis l’effroi de la terreur de l’esclavage qui entraînent une mulâtresse et son fils dans une folie destructrice réciproque (David Wilson le Parfait Nigaud, la tragédie du dernier roman du cycle). Sans oublier les splendeurs et le déclin de la batellerie mississipienne : Twain fait son tour du propriétaire.

 

Mark Twain n’hésitera pas à puiser dans ses expériences personnelles, pour faire jaillir des souvenirs d’enfance le matériau indispensable à son chef-d’œuvre : Aventures de Huckleberry Finn.

Un come-back en quatre parties sur les fondations obscures et confuses de la société américaine. Un regard d’enfant guide le lecteur, l’aide à deviner qui se cache derrière les masques dans cette société prospère et inégale qui s’est battie sur les rives du Mississipi où les escrocs sont légions. Une quête d’identité qui tend à démontrer que tous sont finalement asservis, enchaînés les uns aux autres. Qui est alors encore libre au pays de la déclaration d’Indépendance ? Un geste de défi qu’un jeune sauvage nommé Samuel Clemens porte au nom de l’auteur…

 

Avec de nouvelles traductions plus moderne – dans la même veine qui avait conduit à retraduire l'Ulysse de Joyce – et plus de 650 illustrations d’époque, ce 604e volume de la collection est un petit bijou qui enchantera un panel de lecteur, pour une fois, compris entre 7 et 77 ans, comme disent les publicitaires avertis, et c’est un plaisir duquel on ne se privera point…

 

François Xavier

 

Mark Twain, Œuvres, traduit de l'anglais (États-Unis) par Thomas Constantinesco et Philippe Jaworski, 652 illustrations, Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade n°604, avril 2015, 1648 p. – 58,00 euros jusqu’au 31 août 2015, puis 65,00 euros

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