La chronique d'Emmanuelle de Boysson

Le Prix de La Sérénissime décerné à Yannick Haenel pour Je cherche l’Italie


La vie littéraire, chronique d’Emmanuelle de Boysson | 

« Il ne suffit pas d'aimer Venise, il faut aussi être aimé par Venise », a dit Yannick Haenel lorsqu’il a reçu le Prix de la Sérénissime pour Je cherche l’Italie (L’Infini, Gallimard). Venise aimée des écrivains méritait bien un prix. En choisissant de couronner un ouvrage placé sous le signe d’une conquête intérieure gagnée par un style qui ouvre sur une vision du monde jubilatoire, aventureuse et libre, le Prix de La Sérénissime célèbre la joie, chantée par Yannick Haenel, cette jubilation qui « consiste, contre toutes les tentations de repli, contre toutes les crispations identitaires, à chercher à faire de chaque instant un éblouissement, c'est-à-dire une expérience de lumières multiples, contradictoires, chatoyantes ». Philippe Sollers, président d’honneur, n’a pu venir à Venise où il préfère se perdre en toute discrétion, mais Yannick Haenel lui a rendu hommage : « Philippe Sollers m'a ouvert l'Italie, comme à beaucoup d'entre nous. (…) Sa dévotion à l'écriture m'a servi de modèle, comme James Joyce a été son modèle à lui. Cette dévotion à l'écriture est l'autre nom de la vérité, celle qui ne se justifie pas, celle qui rend effrontément libre, envers et contre tous ».

 

Avec son allure d’éternel adolescent, Yannick Haenel est un écrivain rare : doux, attentif, gentil, des yeux bleus comme les cieux de Fra Angelico, à Florence où il a passé quatre ans avec son épouse et sa fille. Après le succès de Jan Karski en 2009, attaqué par Claude Lanzmann et Cercle, il a écrit en Toscane Les Renards pâles où il imagine une communauté de sans-papiers menant Paris à l’émeute. Je cherche l’Italie est une méditation, un roman de résistance par le silence, la poésie, contre l’injustice que subissent les sans-papiers, Un texte qui réconcilie, qui apaise.

 

Présidé par Laure Adler, le prix a été remis par la princesse Caroline Murat en son palais vénitien. Le trophée de la Sérénissime a été offert par Philippe Donnet, directeur général de Generali Italia qui l’a spécialement fait créer pour l’occasion. Les membres fondateurs du prix, Christine Bach, Patricia Boyer de Latour et Eric de Wollock-Châtillon, assistés du charmant, Stéphane Ruffier-Meray ont réussi à réunir une vingtaine de personnalités, journalistes et écrivains logés à l’Arsenal ou à l’hôtel Principe dont la propriétaire est Marina Caselli et la directrice, Cristina Gicebelli. Ils ont su s’associer avec des mécènes comme l’Ambassade d’Italie en France (SE Giandomencico), l’Institut culturel italien (Marina Valensise), la Princesse Caroline Murat, Michel David-Weill, Generali Italia (Philippe Donnet), Alberta Conseil et la pétillante Patricia Chapelotte, le Groupe Bessé Signature et sa présidente, Anne Jousse. Un délicieux dîner fut offert par Generali. Au fil d’un week-end ensoleillé, chacun a pu s’extasier devant les tableaux de Tintoret, de Titien, de Tiepolo, se promener sur le Grand Canal, découvrir une église au détour d’une ruelle, retourner à l’Academia, marcher sur les Zatterre et, devant la pension, La Calcina, chère à Philippe Sollers, avoir une pensée pour l’auteur de Paradis.

 

Emmanuelle de Boysson

 

Yannick Haenel, Je cherche l’Italie, Gallimard, coll. « L’Infini », février 2015, 208 pages, 17,50 €

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Question : échappe t'on aux clichés sur Venise?