Lettres de Madame de Sévigné : Résumé


Résumé : Lettres de Madame de Sévigné (1635-1696)

De 1635 à 1696, ces lettres forment une sorte de gazette, écrite non par un nouvelliste de bas étage qui n’entend qu’un lointain écho des événements et ne peut approcher des grands, mais par une femme de la cour, qui est à la source même des renseignements. C’est au sortir de Versailles, où le roi lui adresse la parole, et des salons où elle rencontre les plus grandes dames du temps, que Madame de Sévigné écrit ses lettres. Sans doute, elle ne nous explique pas les causes des guerres et des traités ; elle ne nous révèle aucun secret sur la politique de Louis XIV. Mais les détails précis qu’elle rapporte sur le procès de Fouquet, le passage du Rhin, le mariage de la Grande Mademoiselle, la mort de Turenne, la disgrâce de Pomponne, la mort de Condé, celle de Louvois, etc., sont un complément de l’histoire. Les costumes, les gestes, les paroles, les anecdotes parfois révélatrices des sentiments les plus sérieux, voilà ce que Mme de Sévigné nous donne, avec une inlassable curiosité et dans un style toujours vivant.

 

Gazette de la cour, sa correspondance est encore une gazette de la société. Au jour le jour, nous savons par elle comment on vivait à Paris et à la campagne : quels étaient les sujets de conversation, et comment on jugeait les livres nouveaux, et ce que l’on voyait au théâtre ; comment on voyageait, et comment on prenait les eaux de Vichy ou de Bourbon ; comment se préparait un mariage, se traitait une affaire, se perdait un procès ; comment on traitait ses égaux et ses inférieurs, ce qu’était un salon, une ferme, un pré, un paysan, un jardinier, un valet, un petit chien, bref, ce que nous appellerions tout le train du monde… Tout cela, d’autant plus révélateur que ce sont des impressions rapides et sincères, au jour le jour, et non de ces mémoires que l’on écrit pour poser devant la postérité.

 

Mme de Sévigné eut, de son vivant, une réputation d’épistolière. Ses lettres étaient parfois copiées avant le départ du courrier ; elles étaient lues en société, et couraient de mains en mains : ainsi la lettre du cheval, et la lettre de la prairie. Dès 1697, la famille de Bussy-Rabutin, en publiant sa correspondance, y intercala un certain nombre de lettres de Mme de Sévigné. En 1725 et 1726, parurent des éditions plus ou moins tronquées ; et Mme de Simiane, petite-fille de Mme de Sévigné, se décida à confier au chevalier de Perrin la publication des lettres qu’elle avait conservées. Le texte original ne fut pas absolument respecté : on substitua, en particulier, les initiales à certains noms propres, et l’on atténua quelques expressions. Cette édition du chevalier de Perrin, parue de 1731 à 1737, fut réimprimée en 1754. En 1818, parut une édition nouvelle, plus complète, celle de Monmerqué. Mais la seule où le texte ait été reconstitué selon une véritable méthode critique est celle de M. Ad. Régnier, dans la Collection des grands écrivains de la France.

 

Le style de Mme de Sévigné

 

Bien qu’il y ait, dans le style de Mme de Sévigné, quelques traces d’une préciosité tantôt involontaire, tantôt cherchée, l’impression dominante de ce style, c’est le naturel. En effet, Mme de Sévigné n’est pas un écrivain de profession, et ce n’est pas un livre qu’elle écrit. Elle a beaucoup lu, sans doute, et elle subit des influences, en particulier celles de Montaigne et de Voiture ; mais surtout elle causait à merveille, et, la plume à la main, elle cause encore. Aussi apporte-t-elle, à rédiger ses lettres, la même aisance piquante et imprévue que dans la conversation : son style est primesautier. Elle ajoute, à cette vivacité d’expression, un don de voir et de peindre qui lui est propre, à sa date, et qui la rapproche de La Bruyère et des romanciers anglais du XVIIIe siècle. Nous ne saurions trop le répéter : elle voulait amuser ses correspondants, et leur faire voir par ses lettres ce qui se passait loin d’eux ; de là, cette recherche de la couleur et du geste, et cet art d’accumuler sans confusion tant de jolis détails. Elle voulait aussi extérioriser ses sentiments et laisser lire dans son âme : de là, ces analyses à la fois sincères et coquettes, où il semble que d’elle tout ait passé, jusqu’au sourire des lèvres et à l’éclat des yeux.


La correspondance de Madame de Sévigné présente l’exacte proportion entre la pensée et la forme qui a constitué au XVIIe siècle la perfection de tant d’ouvrages. L’œuvre de Madame de Sévigné n’a pas vieilli. On peut lui appliquer d’ailleurs ce qu’elle écrivait à sa fille, le 11 janvier 1690, d’un auteur qu’elle admirait : « Il ne faut pas dire cela est vieux ; non cela n’est pas vieux, mais c’est divin. »

La supériorité des femmes du XVIIe siècle, dans l’art épistolaire, n’a jamais été méconnue : « Ce sexe va plus loin que nous dans ce genre d’écrire », déclarait La Bruyère. Paul-Louis Courier, si bon connaisseur en matière de beau langage, disait de même : « Gardez-vous bien de croire que quelqu’un ait écrit en français, depuis le règne de Louis XIV. La moindre femmelette de ce temps-là vaut mieux, pour le langage, que les Jean-Jacques Rousseau, Diderot, d’Alembert, contemporains ou postérieurs. »

En particulier, le style de Madame de Sévigné est incomparable. Son langage est vif, rapide, animé, clair, naturel, riche en tours nouveaux, exempt de déclamation, affranchi de la lourdeur compassée de certains auteurs de son temps, plein de rencontres heureuses et accru encore de l’agrément des souvenirs de ses lectures et de ses travaux.

 

En effet, aux dons naturels de son esprit, Madame de Sévigné avait ajouté le fruit d’une éducation développée et le profit de lectures sérieuses dans notre langue, comme dans d’autres.

Elle savait l’italien, qui lui avait été enseigné par Ménage et Chapelain ; l’espagnol et le latin que Ménage lui avait appris. Elle lisait Virgile « dans toute la majesté du texte », comme elle l’écrivait à sa fille, le 16 juillet 1672. Elle étudiait le TasseL’Arioste, Cervantès dans leurs langues ; elle les citait à propos, toujours de mémoire. Elle connaissait à fond CorneilleLa FontaineMolière, Quinault, Racine qu’elle ne mettait pas à un assez haut rang. Elle avait lu Rabelais et en avait retenu plus d’un trait qui plaisait à sa nature franche, hardie et rieuse. L’histoire, la religion, la philosophie étaient les constants objets de ses lectures. Descartes, Nicole, Arnauld, les Solitaires de Port-Royal, Pascal, surtout, excitaient chez elle une admiration passionnée. Elle avait profité de la façon la plus heureuse des connaissances qu’elle avait ainsi acquises pendant toute sa vie. Elle n’était pas tombée dans ce que Molière appelle« tout le savoir obscur de la pédanterie ». Elle avait fait, cependant, partie de la Société des Précieuses de l’hôtel de Rambouillet, sans être atteinte par l’affectation de leurs propos et de leurs écrits. Elle y avait gagné le goût du bon langage et cette politesse exquise qui avait succédé, grâce aux efforts des Précieuses, à la grossièreté trop réelle des mœurs et des discours des âges précédents.

 

Ce qui plait, dans les Lettres de Madame de Sévigné, c’est le naturel parfait de sa manière. Elle justifie, pour nous, le mot profond de Pascal : « Quand on voit le style naturel on est étonné et ému, car on s’attendait à voir un auteur et on trouve un homme. »

 

Il en est de Madame de Sévigné comme de Voltaire : l’artifice n’apparaît jamais dans leurs écrits.

La correspondance de Madame de Sévigné est d’un intérêt capital parce qu’elle décrit la peinture des mœurs et des caractères de ses contemporains, la vie de la Cour de Louis XIV et les principaux événements de ce grand règne. C’est une mine dans laquelle les historiens et les philosophes n’ont jamais cessé de puiser. Ses écrits demeureraient un tableau unique de son époque, si nous n’avions pas La Bruyère et Saint-Simon.

C’est ce dernier qui peut surtout, à juste titre, être rapproché de Madame de Sévigné. Il admirait beaucoup la célèbre marquise et lisait souvent ses lettres. Il lui rend un témoignage d’admiration dans ses Mémoires.

Quand Saint-Simon ne s’abandonne pas à sa fougue passionnée contre ses adversaires, quand ses yeux ne sont pas troublés par l’aveugle amour de ses privilèges de duc et pair, quand il se borne à narrer ce qu’il a vu et observé et à retracer, dans un style alerte et animé, quelque incident notable de la Cour ou quelque aventure singulière, il nous a rappelé plus d'une fois le charme et l’aisance des narrations simples, vivantes et expressives de Madame de Sévigné. La langue de Saint-Simon présente plus d’une analogie avec celle de Madame de Sévigné. Elle est hardie, riche en termes originaux d’ancienne ou de nouvelle date et ne recule pas, au besoin, devant le mot propre.


> Biographie de Madame de Sévigné


[D'après Charles-Marc Des Granges, Les Grands écrivains français des origines à nos jours, Librairie Hatier, 1900 et Édouard Pilastre, Petit glossaire des lettres de Madame de Sévigné, 1908]

36 commentaires

flemme de lire jusqu au bout trop de boulot

Je trouve que c'est un article excellent....

Je rejoins Delea, excellent article qui de plus d'être très bien rédigé est très complet!

Je suis vraiment heureuse de cette article et je félicite l'auteur qui a dût mettre un long moment pour l'écrire ! Félicitation ! Bravo vraiment !

Je trouve ton comportement O déplacé car celui qui a écrit cet article à dur mettre un temps fou tout comme pour l'article de mme de Sevigne  ! Alors un peu de respect 

Merci beaucoup d'avoir écrit cet article ça m'aide beaucoup pour ma biographie . Merci encore ! :)

Je ne comprend rien !! J'ais un devoir a faire en Français sur Madame de Sévigné et c noter je suis dans la caca en plus c notée !!!!


c est intéressant pour mon exposé mais ss plus je regarde sur les autres sites... 

Je nais pas compris aider moi Stp ? !!


Effectivement un article très intéressant, bien complet et apportant beaucoup d'infos pour nos devoirs. Donc merci beaucoup à l'auteur d'avoir pris le temps de l'écrire !