Michèle Fitoussi : Ode à une amie disparue

Loumia Hiridjee était une femme solaire au rire communicatif, à l’énergie irrépressible, à la démarche comme en équilibre instable. Sa vie s’est arrêtée un soir de Novembre 2008 à Bombay dans les attentats  islamistes qui ont touché la ville entière.

Loumia et son mari Mourad n’étaient pas seulement des amis de Michèle Fitoussi. A eux deux, ils symbolisaient en effet une success-story aux accents exotiques. Avec Shama, sa sœur Loumia avait créé au milieu des années 80 la marque de lingerie Princesse Tam Tam, conquis le cœur des françaises et bientôt du monde entier.

 

Comment une jeune musulmane née à Madagascar dans un clan fort nombreux aux origines indiennes a pu se hisser ainsi au firmament de la mode ? L’auteur de la biographie d’Héléna Rubinstein, La femme qui inventa la beauté (Grasset 2010 ) a enquêté pendant deux ans  sur les traces de la créatrice et de ses assassins. De son ile natale à Paris, des shootings prestigieux de New York à Bombay en flammes, son  récit, minutieux et dense, aux allures de thriller nous transporte et nous émeut. Car derrière la battante à qui tout réussit, infatigable et excessive, l’auteur a su débusquer la femme en quête de sens, angoissée par l’avenir, refusant les clichés sur l’intégration auxquels elle était confrontée. Michèle Fitoussi lui rend ainsi le plus beau des hommages et la ressuscite le temps d’un récit d’amitié et de frayeur.

 

Ariane Bois

 

Michèle Fitoussi, La nuit de Bombay, Fayard, septembre 2014, 335 pages, 18 €

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