Indécents incendies de Mirka Lugosi

                   


 

 

Il est chez Mirka Lugosi bien des religieuses aux pensées de maïs. Elles égrainent leurs fantasmes dans la chaleur du tourment et l’immobilité du supplice. Mais ces nonnes comme les demoiselles qui les croisent dès les messes basses d’un petit matin ne souffrent pas du péché de la chair. Pour elles ce n’est là qu’une pieuse fadaise. Elles en font leur quatre heures, leurs cinq à sept, leurs vêpres et se donnent du plaisir en solo, en duo comme avec un banquier fripé, un hoplite voire un marabout (si son œil chavire au doux).

 

C’est dire combien Mirka Lugosi s’amuse avec toutes sortes de fétiches tirées de toutes les cultures quels que soient leurs continents. Tous sont incontinents sur le sujet. Et l’artiste - dans ses passes et ses tours sans défense d’y voir - se « con-plait » à permettre au voyeur d’embrasser l’étoile des mères avant que sonne le glas de la viande alitée. Chez l’artiste en effet le corps féminin est fièrement dressé et libre, sans défenses épineuses autour de son île matri-ciel. Les lignes chantent le pistil d’argent et l’ovaire de rose. L’œil ammoniacal peut donc fouiller à son aise une fente gothique. Dans sa fixité son paysage est élastique. Le tout dans la bonne humeur et le sourire. Les âmes quand elles sont visibles se crachent comme un noyau de cerise. Un gonflement d’écume est l’empreinte d’un souvenir sodomite. Mais reste aussi d’interminables voiles aux alchimies piquantes. Elles font de la crypte féminine la plus belle église. Les phallus s’y allument pour que bien des messes soient dites. Des processions s’ensuivent dans les vallées de l’onirisme.

 

Jean-Paul Gavard-Perret


Mirka Lugosi,  "Mademoiselle" (texte de Marie-Laure Dagoit)  , ed. Last Gasp of San Francisco, "Défense d’ouvrir" (avec Gilles Berquet), Editions Astarté.

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