Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière (1622-1673), auteur de comédies qui sont la peinture de son époque, acteur et directeur de troupe. Biographie de Molière.

Tartuffe de Molière. Résumé

Résumé : Tartuffe de Molière (1667)

 

L’auteur nous fait pénétrer au sein d’une famille honnête et paisible, tout à coup troublée et désunie par la seule présence d’un étranger hypocrite et faux dévot. Tartufe, qui a su s’emparer de l’esprit de la grand-mère, Mme Pornelle, et de son fils, Orgon, qui donne asile au pieux personnage.



Toutefois Tartufe ne jouit pas de la même faveur auprès du reste de la famille Damis ; l’appelle un « pied plat » et la suivante Dorine, scandalisée de l’empire qu’il a pris sur son maître, s’écrie :

 

« Certes, c’est une chose aussi qui scandalise

De voir qu’un inconnu céans s’impatronise ;

Qu’un gueux, qui, quand il vint n’avait pas de souliers,

Et dont l’habit entier valait bien six deniers,

En vienne jusque-là que de se méconnaître,

De contrarier tout et de faire le maître. »

 

Cléante, beau-frère d’Orgon, essaye vainement de le détromper sur le caractère du personnage et cherche à l’éclairer sur la différence qui existe entre la vraie et la fausse dévotion.

 

Son langage, plein de bon sens et de vérité, ne persuade pas Orgon. Son aveuglement à l’égard de Tartufe va toujours croissant. Il lui promet sa fille en mariage, lui confie un secret d’État qui peut le compromettre gravement ainsi qu’un de ses amis, enfin il déshérite son propre fils, qui a tâché de démasquer Tartufe, et il fait au faux dévots donation de toute sa fortune. C’est Elmire, femme d’Orgon, qui se charge alors d’ouvrir les yeux de son mari. Elle lui fait juger par ses propres oreilles de l’indignité et de l’infamie de Tartuffe. Orgon, convaincu enfin de la perversité de cet homme, l’accable d’injures et lui ordonne de sortir de sa maison.

 

« La maison est à moi, c’est à vous d’en sortir », s’écrie Tartuffe, en montrant l’acte de donation. Mais ce n’est pas tout la liberté d’Orgon est aussi compromise que sa fortune, car le traître a dévoilé le secret qui lui avait été confié ; il amène lui-même l’exempt et semble triompher de tous points, lorsqu’il est soudain arrêté et jeté en prison par ce même exempt chargé secrètement par le roi de punir Tartufe et de remettre la famille d’Orgon en possession de tous ses biens.

 

Tartuffe est le chef-d’œuvre de Molière.

 

Cette pièce a d’abord le mérite de l’intérêt. Toute cette famille, en proie à un personnage horrible, nous inspire de la sympathie : nous y voyons une femme aimable et sage, un fils impétueux, mais honnête et franc, un frère sensé et respectable, une position honorable. Ils étaient heureux et unis, le malheur fond chez eux dès que l’imposteur y a mis les pieds ; c’est tout un monde bouleversé : affections, fortune, honneur, ils sont atteints de tous les côtés.

 

Quelle vérité dans la peinture des caractères ! Celui de Tartuffe surpasse tout par la profondeur de l’observation. Quel art de nous le montrer, dès l’exposition, par les sentiments qu’il excite chez tous les membres de la famille, tout en attendant le troisième acte pour le faire paraitre ! Comme dès qu’il entre en scène, il précipite l’action ! Et Orgon est aussi parfait que Tartuffe lui-même ! C’est la dupe idéalisée. Et tous les personnages, jusqu’à la vieille madame Pernelle, aussi infatuée que son fils, et Dorine, la suivante à la langue affilée, sont des chefs-d’œuvre en leur genre.

 

On a blâmé le dénouement comme fondé sur des moyens étrangers à l’action. En cela on a oublié que cette scélératesse est si criminelle qu’elle exige un châtiment plus sévère que la simple expulsion de la famille, et qu’elle est si dangereuse qu’il faut pour la briser l’action d’une force supérieure.

 

Au point de vue moral, Tartuffe excita de vives controverses entre les mondains et les gens sérieux. Bourdaloue s’arma contre lui de sa dialectique ; Bossuet, de son impétueuse éloquence. On fut injuste envers Molière : il n’avait pas l’intention d’attaquer la vraie religion, et les hommes religieux l’auraient dû sentir. Le portrait qu’il trace est vrai ; l’hypocrisie reçoit une flétrissure méritée, et le temps comportait une pièce de ce genre. Mais c’est une question de savoir jusqu’où peut aller le langage de la piété sur le théâtre, et dans une telle bouche. Chez les âmes religieuses, il y aura toujours un mouvement douloureux en entendant profaner l’expression de ce qu’elles respectent. Tartuffe, sans doute, est le coup le plus dangereux porté, non à la religion, mais aux attitudes religieuses. Cependant, il faut en convenir, le nombre des apologistes du Tartuffe serait moins grand s’il se bornait à celui des ennemis de l’hypocrisie. Bon nombre de ceux qui l’ont applaudi haïssaient quelque autre chose encore que l’hypocrisie.

 

 

[D’après Daniel Bonnefon. Les écrivains célèbres de la France, ou Histoire de la littérature française depuis l'origine de la langue jusqu'au XIXe siècle (7e éd.), 1895, Paris, Librairie Fischbacher.]

 


> Résumés des œuvres de Molière :

7 commentaires

Jean-Marc Lebert

Don Juan est super

Jean-Michel

Tartuffe

Julien

ce livre m'a beaucoup apporté dans ma vie sexuel

julien b

j'aime les tétons saillants de tartuffe

JulienPa

on voit bien que dans ce livre l'auteur a voulu faire ressortir l'aspect narquoi et fourbe du personnage principal

Juliette

Toutefois Tartufe ne jouit pas de la même faveur auprès du reste de la famille Damis ; l’appelle un « pied plat » et la suivante Dorine, scandalisée de l’empire qu’il a pris sur son maître, s’écrie :

 

« Certes, c’est une chose aussi qui scandalise

De voir qu’un inconnu céans s’impatronise ;

Qu’un gueux, qui, quand il vint n’avait pas de souliers,

Et dont l’habit entier valait bien six deniers,

En vienne jusque-là que de se méconnaître,

De contrarier tout et de faire le maître. »

 

Cléante, beau-frère d’Orgon, essaye vainement de le détromper sur le caractère du personnage et cherche à l’éclairer sur la différence qui existe entre la vraie et la fausse dévotion.

 

Son langage, plein de bon sens et de vérité, ne persuade pas Orgon. Son aveuglement à l’égard de Tartufe va toujours croissant. Il lui promet sa fille en mariage, lui confie un secret d’État qui peut le compromettre gravement ainsi qu’un de ses amis, enfin il déshérite son propre fils, qui a tâché de démasquer Tartufe, et il fait au faux dévots donation de toute sa fortune. C’est Elmire, femme d’Orgon, qui se charge alors d’ouvrir les yeux de son mari. Elle lui fait juger par ses propres oreilles de l’indignité et de l’infamie de Tartuffe. Orgon, convaincu enfin de la perversité de cet homme, l’accable d’injures et lui ordonne de sortir de sa maison.

 

« La maison est à moi, c’est à vous d’en sortir », s’écrie Tartuffe, en montrant l’acte de donation. Mais ce n’est pas tout la liberté d’Orgon est aussi compromise que sa fortune, car le traître a dévoilé le secret qui lui avait été confié ; il amène lui-même l’exempt et semble triompher de tous points, lorsqu’il est soudain arrêté et jeté en prison par ce même exempt chargé secrètement par le roi de punir Tartufe et de remettre la famille d’Orgon en possession de tous ses biens.

 

Tartuffe est le chef-d’œuvre de Molière.

 

Cette pièce a d’abord le mérite de l’intérêt. Toute cette famille, en proie à un personnage horrible, nous inspire de la sympathie : nous y voyons une femme aimable et sage, un fils impétueux, mais honnête et franc, un frère sensé et respectable, une position honorable. Ils étaient heureux et unis, le malheur fond chez eux dès que l’imposteur y a mis les pieds ; c’est tout un monde bouleversé : affections, fortune, honneur, ils sont atteints de tous les côtés.

 

Quelle vérité dans la peinture des caractères ! Celui de Tartuffe surpasse tout par la profondeur de l’observation. Quel art de nous le montrer, dès l’exposition, par les sentiments qu’il excite chez tous les membres de la famille, tout en attendant le troisième acte pour le faire paraitre ! Comme dès qu’il entre en scène, il précipite l’action ! Et Orgon est aussi parfait que Tartuffe lui-même ! C’est la dupe idéalisée. Et tous les personnages, jusqu’à la vieille madame Pernelle, aussi infatuée que son fils, et Dorine, la suivante à la langue affilée, sont des chefs-d’œuvre en leur genre.

 

On a blâmé le dénouement comme fondé sur des moyens étrangers à l’action. En cela on a oublié que cette scélératesse est si criminelle qu’elle exige un châtiment plus sévère que la simple expulsion de la famille, et qu’elle est si dangereuse qu’il faut pour la briser l’action d’une force supérieure.

 

Au point de vue moral, Tartuffe excita de vives controverses entre les mondains et les gens sérieux. Bourdaloue s’arma contre lui de sa dialectique ; Bossuet, de son impétueuse éloquence. On fut injuste envers Molière : il n’avait pas l’intention d’attaquer la vraie religion, et les hommes religieux l’auraient dû sentir. Le portrait qu’il trace est vrai ; l’hypocrisie reçoit une flétrissure méritée, et le temps comportait une pièce de ce genre. Mais c’est une question de savoir jusqu’où peut aller le langage de la piété sur le théâtre, et dans une telle bouche. Chez les âmes religieuses, il y aura toujours un mouvement douloureux en entendant profaner l’expression de ce qu’elles respectent. Tartuffe, sans doute, est le coup le plus dangereux porté, non à la religion, mais aux attitudes religieuses. Cependant, il faut en convenir, le nombre des apologistes du Tartuffe serait moins grand s’il se bornait à celui des ennemis de l’hypocrisie. Bon nombre de ceux qui l’ont applaudi haïssaient quelque autre chose encore que l’hypocrisie.