Matmos : machinerie pour lavages d’oreilles

                   


 

 

« Ultime Care II » restera un des CD phares de l’année par son ambition, son originalité et son côté électro conceptuel. Néanmoins Drew Daniel et M.C. Schmidt ont-ils eu tord ou eu raison de donner le secret de fabrication de leur nouvel album ?  Révéler la base sonore de l’album revient à altérer en un premier temps sa puissance musicale. Savoir qu’il est composé à partir de sons issus de la machine à laver « Whirlpool Ultimate Care II » pousse l’auditeur  à chercher d'abord  les rapprochements avec la source sonore pour comprendre ses modifications.

 

Il faut donc l’  « essorage » de quelques écoutes premières et anecdotiques afin de pouvoir apprécier pleinement un album passionnant et dans lequel le bruitisme est transcendé par lui-même. Et avec beaucoup plus d’astuce, d’humour dadaïste,  de rythme techno que certains adeptes de perspectives comparables  mais  qui chez eux prennent pompeusement le titre d’expérimentations savantes. Les Matmos n’ont pas besoin de telles médailles pour nous séduire. Une fois mixé tout bouge, se déplace. La largeur sonore d’accès ne tient plus dans le tambour. La carcasse s’ouvre à volonté là où paradoxalement la musique évite les entrechocs et trouve des échappatoires.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

 

Matmos, « Ultimate Care II », Thrill Jockey, Differ-ant, 2016.

 

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