L’envol du silence, l'itinéraire spirituel

L’envol du silence est le cheminement intime d’une femme que rien ne prédisposait, en pleine maturité,  à prononcer ses vœux. Dominique Marchal raconte ses vies tumultueuses et aventureuses. Elle en a vécu beaucoup. 

Le récit décrit une femme forte, entière, qui s’engage  toujours  à fond dans ce qu’elle fait. Elle fut mariée plusieurs fois et ne connut du mariage que les inconvénients et les bassesses, c’est la déroute amoureuse douloureuse à trois reprises. Sans doute cela a t-il compté dans son cheminement vers la spiritualité, mais elle ne se fit pas ordonner par dépit amoureux, loin de là, la richesse de son existence en atteste et la femme est bien plus profonde que cela.


Dominique Marchal fut surtout  une pilote chevronnée.  La pratique de l’aviation était pour elle une passion dévorante et consolatrice. Elle dit d’ailleurs d’elle-même qu’elle est une droguée de passions, de toutes les passions. Elle  revenait  à l’aviation à chaque embûche que la vie lui infligeait, comme si prendre de la hauteur et voler dans les nuages la transportaient déjà un peu vers la sagesse.


L’aviatrice s’improvisa aussi journaliste-alpiniste lorsqu’un ami lui proposa de l’accompagner dans une expédition au Népal et au Tibet. Cette étape va changer sa vie. La rencontre avec le bouddhisme la bouleverse. Au Tibet, elle s’engage  auprès des miséreux et des femmes,  dirige des centres sanitaires et des cliniques, rencontre Matthieu Ricard, puis le Dalaï Lama et,  enfin, choisit , à 46 ans d’être nonne bouddhiste. Non pour se retirer d’un monde hostile, mais pour y chercher la paix et méditer.


IMG04667-20140412-1836Dominique G. Marchal a tout vécu avant ce choix difficile et définitif.  C’est très intéressant que la révélation spirituelle ait eu lieu tardivement. La future nonne connaît les plaisirs de la vie, elle était féminine, aimait séduire,  s’habiller, boire du bon vin. Le renoncement n’est pas une simple formalité.  L’auteure explique que renoncer d’abord à séduire est une étape importante, cela change les rapports avec les autres, ouvre un immense espace. C’est libérée de la tyrannie de la séduction, dans cet espace largement ouvert,  qu’elle s’engage.


Ce récit, préfacé par Matthieu Ricard, retrace toutes les étapes importantes de ses multiples vies et de ses rencontres au Népal et au Tibet avec des humanistes qui la marquent. Véronique Jannot, bouddhiste engagée, est une de ces femmes.


L’auteure n’omet pas de raconter les difficultés et les doutes, son caractère fier et parfois orgueilleux, le regard qu’elle pose sur sa vie semble le plus honnête possible.


Si Dominique Marchal reconnaît qu’elle était totalement  addict de la passionen refermant le livre, je me disais qu’il faut certainement l’être encore, pour renoncer à la vie civile et se faire ordonner. Ce que conclut le livre :


"Les existences ne sont que des vagues sur la mer que le vent des émotions peut transformer en tempête effroyable. Dans le silence, l'esprit découvre que la paix est la plus intense des passions, et infiniment plus vaste. Dans le silence, l'esprit apprend à donner sans prendre, à aimer sans posséder, et à accepter les autres, tous les autres, tels qu'ils sont, en toute simplicité..."



Anne Bert 


Dominique G. Marchal, L’Envol du silence, Editions Nil, janvier 2014, 360 pages, 21 €

1 commentaire


Don't Let The Sun Go Down On Me