Nina Bouraoui, Standard... et caricatural

C’est une histoire triste, morne, crue parfois... Torve, sinistre et déprimant récit que cette chronique d’une chute annoncée qui manque de sel. Bruno Kerjen, défaitiste, ayant abdiqué avant même d’avoir été, regarde sa vie se passer. On ne parle même pas de délitement tant il n’y a rien à en dire. Terne existence dans un laboratoire de puces électroniques. Refus des promotions pour demeurer dans le gris. Surtout aucun sentiment, même avec les femmes. Relations sexuelles à distance avec des professionnelles qui susurrent dans le téléphone. Car il craint "l’intimité des femmes à cause de l’idée qu’il pouvait s’en faire : elles étaient rares à bien se nettoyer à l’intérieur, mais il n’aimait pas les hommes non plus". Pathétique anti-héros.


Jusqu’au jour où. Mais il faut tout de même attendre la page 148, ce qui est un peu longuet, toutes ces tirades sur la sinistrose dans laquelle évolue Bruno Kerjen. Marlène croise de nouveau sa route. Celle qui aimanta toute la haine et tout l’amour déçu des lycéens est de retour. Toujours aussi flamboyante. Mystérieuse, affolante… Alors Bruno va basculer dans la spirale infernale : la dépendance amoureuse. Chacun y trouvant son compte tant que le besoin s’en fait sentir. Une manière comme une autre, finalement.


Extension des possibles, soit. Mais n’est pas Houellebecq qui veut. Passons à autre chose.


Annabelle Hautecontre


Nina Bouraoui, Standard, Flammarion, janvier 2014, 304 p. – 19,00 €

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