L’espace poétique créé par Rose-Marie François est une interrogation sur d’œuvres précises de Bacon et de Klee. Tout joue dans la problématique du décalage entre la poésie et la peinture. La première saisit la puissance de la seconde et montre comment l’artifice pictural repose  sur l’organique des formes et des couleurs entre  liberté et emprise. L’œuvre reste sur une ligne de crête : imaginaire et réel, abstraction et figuration, artifice et fait de nature créent chez les deux peintres comme chez la poétesse des lieux étranges entre l’image et le monde. Un ordre règne mais il est renversant. C’est un théâtre chimique et alchimique. Le lecteur glisse ici d’un inconnu vers un autre.  D’où les questions qu’imposent la contemplation de telles peintures grâce à la poésie : Où est le chemin dans la peinture ? L’œuvre de la poétesse belge en développe une suite de lieux intermédiaires et de change.  Le trajet de la langue devient un trajet physique que les deux peintres fixent.

Jean-Paul Gavard-Perret

Rose-Marie François, « Trèfle incarnat », Préface de Philippe Jones, Le Cormier, 64 pages, 16 € , 2014