Evelyne-Winocq Debeire : « littoralité » de la peinture

Avec plus en plus de puissance Evelyne-Wincq Debeire telle une Yseult du nouveau millénaire confère une valeur d'éternité à l'instant que sa peinture emporte et retient. La fulgurante sensation de la présence rayonne au sein de sa matière de plus en plus dense. Les morceaux de "présent" qui émergent séduisent jusqu'au vertige. Il y a là des à-plats sans taie et la chair fraîche de la matière picturale en une succession de vibrations colorées.  L’artiste y introduit sans dotes ses nécessaires mirages et ses douleurs cachées. Son corps et son esprit engagent la réalité par la force de l’abstraction vers un supplément d’âme et peut-être de joie qui transcende la gravité. Elle se propulse à travers la masse de la peinture là où l’artiste perd pied sans quoi l’art n’est rien.

 

Evenyle-Winocq Debeire se réapproprie le geste qui s'arrache à lui-même pour un envol, des lévitations obscures, un bain d’ambre et de rousseurs contre les marches forcées.  Elle parviens à pousser plus loin l’effet de mouvement intérieur en écartant de la figuralité au profit de la toison de la peinture qui se retrouve en elle-même – à savoir sa matière même rn spasmes, cambrures, gambes et arcanes. Le tableau n’est plus une image (son miroir a refermé ses pétales) , il engage en sa réalité androgyne et sauvage ne répondant que de lui. La lumière se retire des choses pour apparaître comme dans la peinture. Celle-ci est une caresse et frottement pour un voyage au cœur de sa pulpe  où surgisent milles naissances éparses dans la nuit.

 

Jean-Paul Gavard-Perret


Evelyne-Winocq Debeire, « Dernières peintures et gravures », Le Temple du Goût, Nantes, du 4 au 29 décembre 2013.

 

 

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