Geneviève Asse, méditation en bleu

« On est tributaire de ses racines, des lieux où l’on a vécu sa première enfance ». Geneviève Asse, cheveux blancs et vêtements en harmonie entre gris et bleus, semble redire une banalité mais qui dans son cas personnel, s’impose comme l’évidence de sa vie, la vérité et l’axe de son travail. De ces racines-là est née son œuvre, inconsciemment présentes au début sans doute puis de plus en plus prégnantes au fil du temps. Ce socle au départ naturel et comme donné par le hasard s’est retrouvé solidifié, prêt à soutenir l’édification d’un parcours chaque année plus célébré. Si dans sa mémoire la mer et le ciel, qui se confondent à l’horizon et confrontent leur présence en permanence sous ses yeux, ont entouré de leur existence inspirante ses premières années bretonnes, l’une comme l’autre orientent ensuite la carrière et s’impriment dans beaucoup de ses tableaux. Il y a dans chacun un axe vertical qui unit autant qu’il sépare. De Vannes où elle est née à l’île aux Moines où elle a maintenant son atelier, un même environnement favorise l’émergence de ce style qui lui est propre. Avant tout, une couleur a pris peu à peu le dessus sur les autres, le bleu, celui de l’océan et des nuages qui sont à la source de son langage esthétique. Elle avait dans le passé employé des tons chauds, comme le montre par exemple son Hommage à Chardin de 1943. Avec le temps, ils se sont progressivement atténués sinon fondus dans des beiges, des ocres, des blancs et des gris avant de dériver vers SA couleur majeure, née des précédentes. « La lumière qui ramène à la surface les volumes », logée depuis toujours dans son regard, est entrée définitivement dans la toile, par le biais de cette teinte déclinée et jamais altérée dont elle fait sa marque. Ses bleus sont des passages de lumière, des propositions de méditation. Rien de monochrome, la gamme réduite de cet azur caractéristique offre des vibrations souvent ténues qui n’existent pas moins et ont des densités différentes.

 

L’auteur qui connaît bien l’artiste, fait entrer son lecteur dans un univers particulier et lui ouvre des perspectives sans fin et des alliances nouvelles, l’aidant à accéder à une proximité de cette peinture abstraite, pas forcément facile à expliquer mais dont il ne faudrait pas selon elle, craindre l’excès. Elle développe la démarche de Geneviève Asse, ses recherches, l’architecture intérieure de ces tableaux exécutés dans la solitude, transparente en dépit de sa continuité de tons, sans vie autre que les couleurs et de rares formes identifiables. Une lecture qui est « une immersion sensorielle ».   

 

Dominique Vergnon

 

Lydia Harambourg, Geneviève Asse, Ides et Calendes collection Polychrome, 17x12 cm, 120 pages dont 43 en couleurs, avril 2015, 24 euros.

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