Hortense de Beauharnais, la grâce et l'intelligence

Une historienne aux multiples talents

Agrégée d’Histoire en 1972, Marie-Hélène Baylac a consacré , à partir des années 1980, une part importante de son temps à la recherche, à l’écriture et à la direction d’équipes pour des ouvrages collectifs, tant dans le domaine historique que dans celui de la gastronomie (citons le Dictionnaire gourmand, du canard d’Apicus à la purée de Joël Robuchon, onmibus 2014). Dans le domaine des études consacrées au premier Empire, elle a déjà publié un Napoléon, Empereur de l’île d’Elbe, avril 1814-février 1815, aux éditions Tallandier en 2013.  Elle nous donne ici une biographie d’Hortense de Beauharnais, fille de Joséphine (Pierre Branda vient de publier un excellent ouvrage sur elle),  mère du futur Napoléon III et… Du duc de Morny.

 

Une princesse choyée mais malheureuse


Personnage mal connu, Hortense mérite cependant qu’on s’intéresse à sa vie, ne serait-ce que pour avoir un éclairage différent sur la personnalité de Napoléon. Elle n’a que très peu connu son père, Alexandre de Beauharnais, dont sa mère était séparée et qui a été guillotiné pendant la Terreur. Hortense, éduqué dans une maison pour jeunes filles ouverte par une ancienne courtisane, madame Campan, charme très vite son beau-père, Napoléon Bonaparte, qui apprécie sa douceur et sa bonne éducation. Ce dernier s’est en effet pris d’affection pour les enfants de Joséphine, au grand dam de la famille Bonaparte. Hortense, de fait, pourra toujours compter sur lui, même après son mariage avec son frère Louis. Avec ce dernier, la jeune princesse vit un mariage malheureux, sans amour. Louis se montre un époux suspicieux et possessif. A bien des égards, elle revit ce que sa mère avait vécu avec Alexandre de Beauharnais vingt ans plus tôt…

 

Une héroïne romantique ?


Hortense de Beauharnais, donnait le pas aux sentiments sur les idées, disait-elle. A bien des égards, elle a une sensibilité « pré romantique », aimant la nature, cherchant la retraite. La mort de son fils aîné la laisse dans une détresse telle que Napoléon craint pour elle. Seule une retraite en montagne apaise son chagrin. Mal mariée, elle tombe amoureuse d’un bel officier, Charles de Flahaut (accessoirement fils adultérin de Talleyrand) avec qui elle finira par vivre une passion secrète. Mais la princesse est aussi une tête, apprend la politique au contact de son beau-père qu’elle admire. Elle tente durant la Restauration de sauvegarder son rang, aidé par l’amitié que lui voue le tsar Alexandre et est reçue par le Roi Louis XVIII. Prudente, elle se tient à l’écart des complots des bonapartistes. Durant les cent jours, elle rejoint cependant son beau-père, ce qui lui vaudra de partir en exil. Elle s’occupera de ses fils, surtout du dernier, Louis-Napoléon dont elle sauvera la vie en allant le chercher en Italie en plein cœur des combats. Agonisante, elle lui écrit une lettre magnifique, que Napoléon III conservera sur lui jusqu’à sa mort. Sans le vouloir, Hortense est de son temps, partagée entre le sentiment et la raison, comme nous tous au fond. Merci à Marie-Hélène Baylac de nous avoir donné ce magnifique portrait d’une femme emblématique de son temps.

 

 

Sylvain Bonnet

 

Marie-Hélène Baylac, Hortense de Beauharnais, Perrin, Juin 2016, 380 pages, 24,90 €

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