Les démons de l'île Saint-Louis, une enquête journalistique sur les bords de Seine

Ce roman n’est pas vraiment un polar même si  l’éditeur l’a classé « policier ».  Il n’y a pas (ou très peu) de véritable investigation  policière, le texte  est axé sur  une enquête menée par  un journaliste anglais dénommé Mark, dans les quartiers de l’Île Saint Louis et du Marais à Paris.  Mark qui  ressasse sa rancœur après avoir vu sa carrière  et sa vie privée fichues pour un article malheureux. Pourtant, porté au pinacle vingt ans auparavant pour avoir  réussi un coup d’éclat en faisant tomber Simon Richards, un grand patron milliardaire, il avait cru en sa bonne étoile.  Tombé dans l’oubli  professionnel, une proposition providentielle l’a décidé  à partir à Paris enquêter sur le devenir de la fille de l’homme qu’il a envoyé en prison. Le journaliste se fiche bien  en réalité de ce qui est advenu à cette fille, mais il  espère surtout se refaire un nom en révélant qu’une certaine écrivaine très en vogue est en réalité la fille du malfrat Simon Richards. Le message est clair, Mark assume son égoïsme,  son besoin de reconnaissance et son machiavélisme pour tenter de reprendre confiance en lui.

Le héros désabusé mais flegmatique et non sans humour (l’auteur est anglais…)  déambule sur les bords de Seine et se débrouille pour infiltrer les différents milieux concernés par l’affaire qui s’annonce difficile et  très mystérieuse.  L’histoire est lente à se mettre en place d’autant  que le journaliste se livre au fil des pages à des petites  introspections qui n’apportent pas grand chose au roman mais  nous éloignent  de l’intrigue, pourtant bien  menée car  les contrecoups sont efficaces. Qui est réellement la  fille  de Richards ?  Mark découvre  que Sandrine Laperrière, vit dans un nœud de vipère dans lequel on ne sait réellement qui est à la solde de qui. Les personnages, pour la plupart louches,  comme l’est le sinistre couple de junkies, qui opèrent dans  ce panier à crabes relèvent parfois du cliché, ainsi le flic porté sur le sexe ou le dur à cuire chinois…mais bon gré mal gré, on est tenu par le suspens et le charme de la menaçante balade parisienne. Et puis, les dérives du journalisme sont passées à la purge du romantisme et du réveil de la conscience de Mark. La morale sera  sauve…


 La description de ces quartiers pourtant hyper connus de Paris est  attentive et sort des sentiers battus, mais si le roman  m'a  plu car  l’intrigue est adroite et tenue intelligemment jusqu’à l'épilogue,  il m'a aussi un peu frustrée, effleurant  trop les personnages et leur implication.  Sans doute aurait-il fallu choisir entre la romance et l’enquête pure. Et faire le choix de l’enquête pure et dure bien sûr….comme peut l’être la réalité.  


Anne Bert


Peter Burley, Les démons de l'île Saint-Louistraduit de l'anglais par Renaud Bombard, éditions Kero,  janvier 2013, 298 pages, format papier 19.90 euros, format numérique 10.99 euros. 


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