22 novembre 1963 : "On a tiré sur le Président"

Se posant comme un témoin direct de cet événement majeur de l'histoire des Etats-Unis, le meurtre du président John Fitzgerald Kennedy le 22 novembre 1963, et rejetant comme une fable la théorie du complot (le tueur manipulé par le FBI, le tueur du tueur manipulé aussi pour empêcher de remonter la source...), Philippe Labro fait le portrait in medias res de ce jour très particulier avec un style vif quoique par trop souvent oral.

Envoyé spécial aux Etats-Unis pour la télévision française, Philippe Labro est sur place quand le choc bouleverse l'Amérique. Il se rue à Dallas et peut prendre conscience du drame qui laisse une odeur particulière dans les rues, un trouble particulier dans les regards des gens, une pesanteur au commissariat où Lee Harvey Oswald (le tireur présumé) est détenu. Un choc comme la France vient de le vivre avec les attentats de novembre, et ce parallèle est signifiant pour comprendre la portée de ce drame particulier, car Kennedy n'est pas simplement le Président des Etats-Unis, c'est tout le symbole de la modernité et de la réussite d'un peuple.

Le récit de Philippe Labro se lit d'une traite, avec plaisir, même s'il n'apporte que peu d'informations à ceux qui connaissent l'affaire (sinon le portrait de Jack Ruby, le tueur d'Oswald) et s'il est — comme quasiment tout ce qu'écrit Labro — d'abord centré sur lui-même, sur ses impressions et sa propre expérience de l'événement. C'est finalement le témoignage d'un journaliste arrivé après les faits (dont, finalement, il n'a pas été ce témoin qu'on nous annonce...) et qui ne peut que prendre le pouls d'un peuple traumatisé. Mais reconnaissons que la description du chaos qui a suivi cet assassinat est très prenante, c'est écrit comme on filme, mais pas beaucoup plus. 


Loïc Di Stefano

Philippe Labro, "On a tiré sur le Président", Gallimard, Folio, octobre 2015, cahier photographique central, 287 pages, 7,50 eur
Aucun commentaire pour ce contenu.