Prête à tout, de Joyce Maynard : Quand la télévision tue

Suzanne Maretto a une obsession et une seule : devenir une vedette de télévision, une de ces femmes au brushing parfait qui aux États-Unis règne sur l’actualité, et pénètre dans tous les foyers à l’heure du dîner. Mais son gentil mari qu’elle a épousé sur un coup de tête, semble d’un autre avis. Alors il lui faut ruser, dénicher à force de cajoleries un petit poste dans une télévision locale. Hélas, malgré sa silhouette de rêve, son attention aux moindres détails, sa carrière ne semble pas sur le point de décoller. Suzie a alors l’idée d’un documentaire sur les jeunes au lycée qui devrait lui rapporter un maximum d’audience. Très vite, les choses tournent différemment et elle règne sur des adolescents qui se comportent comme des fans transis. Quand son mari est découvert gisant dans une mare de sang, la confusion la plus grande règne. Qui a bien pu faire le coup ? 


Dans ce roman paru en 1993 et édité par le perspicace Philippe Rey, l’Américaine Joyce Maynard est à son meilleur. Elle dissèque avec une précision quasi scientifique les états d’âme de chacun, observe les uns et les autres de manière incroyable et livre un réquisitoire en règle contre le règne des apparences et le culte de l’image. Son coup de maître ? Montrer, via des chapitres ultra courts, la tragédie de points de vue différents et se glisser ainsi dans la peau de chacun des protagonistes d’une manière presque inquiétante. Ce conte cruel a été adapté au cinéma avec Nicole Kidman dans le rôle de la fille aveuglée par son miroir, mais gagne à être découvert. On songe à Joyce Carol Oates pour le style, le suspens et l’empathie malgré tout pour des personnages qui sont tous véritablement « prêts à tout ». 


Ariane Bois


Joyce Maynard, Prête à tout, Philippe Rey, mai 2015, 332 pages, 20 €  

Aucun commentaire pour ce contenu.