Spaghetti et clés de 12 : Freddy Fabris et la Renaissance

 

Le photographe Freddy Fabris peut sembler un plaisantin en sa manière de rendre hommage aux maîtres de la Renaissance. Scènes et Cène sont déplacées de leurs décors originaux jusque dans un garage du Middle West… Il existe bien sûr de l’humour mais ce dernier est nimbé de somptuosité. Manière pour le photographe de proposer de nouvelles agoras. Ce n’est en rien l'expression d’une imposture flagrante mais une nouvelle expression de la recherche artistique qui ne fait pas pour autant nager uniquement dans  l’inauthentique. L’effet de mémoire est une manière de valoriser une certaine esthétique gay sans apparemment y toucher – ou peu. 

L’artiste crée un antidote à ce que l’idéologie - surtout des plaines américaines marquées de puritanisme – condamne. Il s’agit de la tourner en des dispositifs astucieux. Par ce travail de  métamorphose et de réinterprétation reste cependant un  invariant extraordinaire : les êtres humains nous livrent ici leur vérité. Elle n’est plus christique car la symbolisation n’est pas religieuse mais humaine. En de telles liturgies, le Castrol remplace les huiles sacrées et la cathédrale se trouve réduite en des hangars de tôles ondulées. Le tout en fonction d’un présent qui se joue du passé. Aux habits du passé sont substitués les bleus de mécaniciens : preuve que, comme leurs grands modèles, ceux qui les portent sont liés à la condition humaine.  Entre la forme artistique qui en jouait et celle qui la reprend le pas est moins immense qu’on pourrait le penser.

Jean-Paul Gavard-Perret

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