Les corps empéchés de John Willie
Reste à connaître quelle émotion peut surgir dans le secret de la beauté féminine compressée de multiples matières. Celle-ci devient l'écorce mentale qui fascine. Tout brûle. Mais le froid demeure. Assis ou couchés le corps avec ses blocs compacts ouvre une glissière, un rail invisible. Ils plongent vers le profond de l'être. Ils avancent dans les caves de l'inconscient. Surgit la présence de la viande souffrante et assumée comme telle pour que surgisse la beauté. Il n’y a pas de subterfuge mais une transformation. Cela bat, rythme. Le bras ressent une crampe. La circulation y est plus vive. Tout tient de l’écart, enchaîne, dissout. Placé en porte à faux le corps se dépouille en s'harnachant. Surgit ses "états' qui mènent à l’obscur, à la splendeur inconnue du mal. Les "paysages" féminins deviennent l'étrange qui lie pourtant à l'existence. Elle garde la chair pour socle mais fait que, de ses contraintes et quoique attaquée de toute part la femme se dessine sous elles pour que resurgissent des signes. Reconnaissons-nous le portrait de l’île de nos rêves ? L’eau couche avec la pierre qui, dans le lac, ne connaît plus le choc des torrents mais la caresse la plus douloureuse qui soit.
Jean-Paul Gavard-Perret
John Willie, Pickpocket, Editions de la salle de bains, Rouen, 8 euros.
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