Les désillusions de Monika Mogi

                   

 


 

Installée à Tokyo Monika Mogi appartient à la nouvelle vague de photographes qui transcende les genres du medium à la recherche d’un impressionnisme ingénu. Repérée  par « American Apparel » à l’âge du 17 ans elle ne cesse de travailler pour de grandes firmes et des magazines de renom tel que « Vice », « Daze and Confuse », « Nylon ». La photographe donne à « l’enfance-corps » une vision très personnelle et pudique lorsqu’elle patrouille de jour comme de nuit dans sa ville en multipliant ses traques pour cerner des sortes  de cul-de-sac. Sa dérive vers les faubourgs les plus éloignés la fait naviguer entre l’ennui et le palpitant à la recherche de l'image qui lui échappe et de l’essence humaine trop humaine. Elle fait entrer dans d'improbables cercles en regroupant des versions discordantes d'une même histoire et d’une sorte de défaite « sentimentale » sans grand espoir à l’horizon. 

 

Vies et images se conjoignent en un étrange composite que la succession des  œuvres dévoile  ou plutôt recouvre sans jamais en élucider la matière. Le printemps de la jeunesse reste un hiver comme si l’état naissant demeurait en latence. Tout reste proche de l’insaisissable. Photographier revient à  émettre une émulsion de réalité par rapport à laquelle le reste est une fiction. La notion de salut par la photographie est donc une impasse : une nuit qui répond à celle de l'être. Monika Mogi reste à ce titre une créatrice lucide à la recherche d’une vie dont elle atteint le fond faute de mieux.  Le réel est tel qu’il est : triste même si l’artiste ne joue jamais du moindre misérabilisme.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

 

 

 

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