Pierre Assouline, "Une question d'orgueil", la petite vie tranquille de l'espion Georges Pâques

L'espion est un personnage de roman des plus intéressants, même s'il relève le plus souvent du fantasme que de la réalité. Mystérieux, flamboyant, pris dans une multitudes d'intrigues, l'espion est au centre de nombreux romans, comme ceux de John le Carré ou de Graham Greene, cités comme références absolues par Pierre Assouline dans son étrange Question d'orgueil, où il retrace la biographie de l'étonnant Georges Pâques, l'homme le plus discret qui fut... 

Fiction biographique, qui mêle les faits réels à l'enquête même de Pierre Assouline, une Question d'orgueil se propose de chercher dans le secret de la vie de cet homme simple et apparemment débonnaire qui, pendant des années, était la taupe du Kremlin depuis 1944 quand, pour une question d'orgueil, il décide de travailler pour l'URSS. Si l'orgueil est à l'origine de l'acte, c'est la notion de faute, qui le mine, qui va permettre à Assouline de finir son portrait : celui d'un homme complexe, à la fois tout épris de Dieu et, dans les affres de sa propre foi, trahissant son pays pour un autre, dont Dieu était lui-même proscrit... 

Ce portrait est assez émouvant parce qu'il parle d'un homme, d'un petit homme dans la douloureuse vérité de sa crise de conscience, mu par une mission qu'il pensait supérieure, "homme que son ombre avait investi de la haute mission de maintenir l'équilibre entre l'est et l'Ouest", et retenu par les fondements de sa foi. 


Loïc Di Stefano

Pierre Assouline, Une question d'orgueil, Gallimard, "Folio", 283 pages, octobre 2014, 7,50 €
Aucun commentaire pour ce contenu.