Porteur des valeurs du Grand Siècle, notamment l'honneur, Pierre Corneille (1606-1684) est avec Jean Racine le plus grand tragédien classique français, auteur du Cid (1637), de L'Illusion comique (1636), d'Horace (1640) et de Cinna (1641).

Horace de Corneille : Résumé


Résumé : Horace de Corneille (1640)

 

Au moment où commence la tragédie, nous sommes introduits dans la famille d’Horace, vieux chevalier romain, père de trois fils, dont l’un a épousé Sabine, sœur de Curiace, patricien d’Albe. Un nouveau mariage doit rapprocher encore les familles romaine et albaine : Curiace est fiancé à Camille, fille du vieil Horace. Mais Albe et Rome sont en guerre, et cet événement retarde l’union projetée. Cependant Curiace vient annoncer à sa fiancée que les chefs d’Albe et de Rome, sur le point de livrer une bataille qui devait être décisive, ayant horreur du sang qui allait être versé, ont résolu de finir cette guerre par un combat de trois contre trois. Camille reçoit avec transport une si heureuse nouvelle. Les trois Horaces sont choisis par Rome pour défendre ses destins. Curiace félicite l’aîné des trois de cet honneur, en se plaignant néanmoins de ce qu’il faut que ses beaux-frères périssent, ou qu’Albe, sa patrie, devienne sujette de Rome. Presque au même instant on lui vient annoncer qu’Albe l’a choisi, lui Curiace, avec deux de ses frères, pour être ses combattants. Sa douleur est au comble. Sabine et Camille se montrent aussi plus alarmées que jamais. Horace et Curiace s’arrachent d’auprès d’elles et partent pour le combat.

 

Les deux armées, en les voyant paraître, s’émeuvent à l’idée que des personnes si proches vont combattre ensemble, et un sacrifice est fait pour consulter la volonté des dieux. L’espérance renaît dans le cœur de Sabine, tandis que Camille n’augure rien de bon. En effet, le vieil Horace vient leur apprendre que les combattants sont aux mains. Peu d’instants après, la nouvelle se répand que deux Horaces sont tués, que le troisième est en fuite, et que les trois Curiaces sont demeurés maîtres du champ de bataille. Camille pleure ses deux frères, mais ressent une secrète joie de la victoire de son amant. Sabine, qui ne perd ni ses frères ni son mari, apprend cette nouvelle avec un esprit plus calme. Mais l’épouvante la saisit aussi quand elle entend les menaces que le père des Horaces profère contre son fils : ce vieillard, uniquement touché des intérêts de Rome qui va devenir sujette d’Albe, jure qu’avant la fin du jour il aura lavé dans le sang de son fils la honte des Romains.

 

Sur ces entrefaites, un envoyé de Tulle, roi de Rome, vient annoncer au vieil Horace la victoire de son fils, dont la fuite n’était qu’un stratagème pour vaincre les trois Curiaces, qu’il a exterminés l’un après l’autre. À peine cette dernière victoire est-elle connue, que le vainqueur arrive avec les trophées de sa triple victoire. Camille, qui ne voit dans le triomphe de son frère que la perte de son fiancé, tombe dans une affreuse douleur, éclate en cris d’indignation contre Rome et maudit la victoire d’Horace. Ce dernier entre en fureur contre celle qui ose pleurer le triomphe de sa patrie, et, oubliant que Camille est sa sœur, il tire son épée et la lui plonge dans le sein. Horace ne tarde pas à se repentir de ce meurtre : il en a honte et prie son père de l’en punir.

 

Cependant Valère, chevalier romain, amant de Camille, vient demander au roi Tulle justice du crime dont Horace s’est rendu coupable. Le roi, après avoir entendu l’accusation, ordonne au coupable de se défendre. Horace répond que toute défense est inutile, que son crime est avéré, et qu’il est prêt à mourir. Alors le vieil Horace plaide la cause de son fils d’une manière si éloquente que le roi Tulle pardonne au vainqueur des Curiaces, en déclarant que les lois doivent se taire devant l’immense service que ce généreux Romain vient de rendre à la patrie.

 

Appréciation littéraire et analytique

 

"Le sujet des Horaces, qu’entreprit Corneille après celui du Cid, était bien moins heureux et plus difficile à manier. Il ne s’agit que d’un combat, d’un événement très simple, qu’à la vérité le nom de Rome a rendu fameux, mais dont il semble impossible de tirer une fable dramatique. C’est aussi de tous les ouvrages de Corneille celui où il a dû le plus à son seul génie. Ni les anciens ni les modernes ne lui ont rien fourni : tout est de création. Les trois premiers actes, pris séparément, sont peut-être ce qu’il a fait de plus sublime, et en même temps c’est là qu’il a mis le plus d’art… mais au commencement du quatrième acte, la pièce est terminée, le sujet est rempli. Il s’agissait de savoir qui l’emporterait de Rome ou d’Albe : les Curiaces sont morts ; Horace est vainqueur ; tout est consommé. Ce qui suit forme non seulement deux autres pièces, ce qui est un vice capital, mais, par un effet malheureusement rétroactif, nuit beaucoup à la première, en ternissant le caractère qu’on vient d’admirer, et rendant odieux gratuitement le personnage d’Horace, qui avait excité de l’intérêt. L’une de ces deux actions, ajoutées à l’action principale, est le meurtre de Camille, qui est atroce et inexcusable ; l’autre est le péril d’Horace mis en jugement, et accusé devant le roi par un Valère qu’on n’a pas encore vu dans la pièce, et cette dernière action est infiniment moins attachante que la première, parce qu’on sent trop bien qu’Horace, qui vient de rendre un si grand service à sa patrie, ne peut pas être condamné. Ces trois actions bien distinctes, qui, ne pouvant se lier, ne peuvent que se nuire, composent un tout extrêmement vicieux… Mais, du moins l’auteur, en se réduisant à ces trois actes, pouvait-il faire un tout régulier ? Je ne le crois pas ; car il n’y avait pas de dénouement possible… Les ressources si ingénieuses qu’à trouvées Corneille pour relever la simplicité de son sujet ont un grand inconvénient : c’est de mettre des personnages principaux dans une situation dont il ne peut les tirer heureusement ; car je suppose qu’il voulût finir à la victoire d’Horace, comme la nature du sujet le lui prescrivait, que deviendra cette Camille oui vient de perdre son amant ? C’est un principe convenu que le dénouement doit décider de l’état de tous les personnages d’une manière satisfaisante. Que faire de Camille ? La laisser résignée à son malheur était bien froid, et, de plus, contraire à l’histoire qui est si connue. La tuer flétrit le caractère d’Horace, et, de plus, commence nécessairement une seconde action ; car on ne peut pas finir la pièce par un meurtre si révoltant. Et Sabine ? Elle n’est pas si importante que Camille ; mais il faut donc la laisser aussi pleurant ses trois frères ? Rien de tout cela ne comporte un dénouement convenable ; et quoiqu’il y ait de l’art à mettre les personnages dans des situations difficiles, cet art ne suffit pas : l’essentiel est de savoir les en faire sortir. Corneille n’en trouvant pas le moyen, a pris le parti de suivre jusqu’au bout toute l’histoire d’Horace, sans se mettre en peine de la multiplicité d’action. Ce ne fut pas ignorance des règles, ce fut impossibilité de faire autrement…

 

Ce rôle étonnant et original du vieil Horace, c’est le beau contraste de ceux d’Horace le fils et de Curiace, qui produit tout l’effet des trois premiers actes ; ce sont ces belles créations du génie de Corneille qui couvrent de leur éclat les défauts mêlés à tant de beautés… et qui conserveront toujours cette pièce à la scène, moins comme une belle tragédie que comme un ouvrage qui, dans plusieurs parties, fait honneur à l’esprit humain, en montrant jusqu’où il peut s’élever sans aucun modèle et par l’élan de sa propre force." La Harpe 


[Extrait de Théâtre classique, Delagrave, 1809]

 

» Lire la biographie de Corneille

 

> Résumé des œuvres de Corneille

6 commentaires

anonymous

Ce sont des grands ecrivains

anonymous

Fantastique, une personne qui n'aime pas les pieces classiques pour moi est une personne sans vie. Je suis une passionante des pieces classiques .

j'aime beaucoup les pieces classiques

ElisaHollande

J'adore les pieces classiques

A la fin d'une phrase il y a un point, "pieces" il y a un accent et "passionante" ça ne se dit pas... enfin pas en France.Sans rancune les "fans" de pièces classiques.

c'est une tres bonne piece a mon gout nous l'etudions en classe