Les jours pulvérisés de Paul Pugnaud : la haute mer poétique

Pour réussir à se guider dans l’océan infini des émois, Paul Pugnaud écoute, épie, détaille chaque mouvement de la rose des vents, son sextant poétique. Balloté entre les houles méditerranéennes et les vignobles des Corbières, le poète garde le cap d’une écriture simple mais précise, lente mais rythmée, imagée mais musicale…

 

Faisant fi du bruit et des fureurs qui ensanglantent le 20e siècle, Paul Pugnaud souffle un essaim de paroles passagères tout en tournant ostensiblement le dos aux obligations sociales pour ne garder que l’épure, calme-bloc de certitude pour aller au-delà de tout.

 

Comment vaincre l’oubli

Se réveiller et croire

Au retour de ces morts ?

Ils veillent et répondent

Aux appels du désir

 

Cultivant un ardent désir d’essentiel, allant vers une voie qui se veut authentique, le poète renonce alors au baroque, au pittoresque et à toute argutie qui pourraient venir alourdir le vers. Tendresse et sensualité surnagent sur les flots annonçant un haut-fonds érotique. Le poète, navigateur inconscient des dangers, s’aventure vers la mire qui est nuit pour mieux viser au cœur.

 

Jamais nous n’allons au-delà

De ces terres que la vie frôle

Laissant nos corps abandonnés

Le jour succède au jour

Et s’accroche à l’air qui l’efface

 

« Une poésie du cosmos », dira André Vinas (Paul Pugnaud, éditions Subervie, 1982), qui « est une succession de regards sur un univers qui se fait et se défait sans cesse… » Une poésie en refus des légendes pour bien graver dans le marbre de la mémoire cette vocation à la légèreté libertaire en unique réponse aux tourments du monde.

 

François Xavier

 

Paul Pugnaud, Les jours pulvérisés, préface de René Depestre, Rougerie, janvier 2015, 80 p.- 13,00 €

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