Les Petites pièces d’amour d’Habashli Kunzeï

Le haïku est généralement attribué au poète Bashô, dans le Japon du XVIIe siècle ; or il semblerait que l’origine provienne du tanka, une forme mise à la mode à la Cour de Heian par des femmes savantes qui avaient ainsi trouvé le moyen de consigner leurs émotions. N’oublions pas, qu’à cette époque, ces dames, drapées dans leur kimono, étaient plus des femmes-porcelaines extrêmement fragiles (une simple grippe pouvait les tuer) enfermées dans des palais que des êtres humains respectés comme tels… Leur seule forme de résistance était donc l’écriture, une manière de repousser la mort qui, seule, allait les libérer de leur prison dorée. Leurs écrits fourmillaient alors de détails du quotidien…

 

Habashli Kunzeï retrouve ce style précis à l’extrême, abordant l’idée de temps qui s’effrite, de beauté qui se fane, d’éclats brefs ou alors de plénitude libérée… Du grand classique remit aux normes du XXIe siècle, voici donc des scènes contemporaines  qui pourraient de passer près de chez vous :

 

Ouvrant les yeux

La fille au réveil

Cherche son âme

 

Très vite l’éros et l’amour viendront habiter ces pages qui sont aussi une sorte d’encyclopédie de ces instants érotiques si prisés en Asie. Des rêves d’adolescent aux battements de cœur des adultes, écrire devient évident dès lors qu’il faut séduire ; ainsi « Habashli Kunzeï met à nu l’âme du poète, laquelle contemple et juge le corps qui succombe à la séduction, à la frivolité et à l’attrait du plaisir », souligne Shan Sa dans sa préface.

Voici donc un recueil parfois osé tout d’élégance et de volupté narré qui portera dans l’âme du lecteur son petit fruit pimenté.

 

Egarée

Entre initiative

Et soumission

 

François Xavier

 

Habashli Kunzeï, Petites pièces d’amour, Envolume, janvier 2016, 256 p. – 14,00 €

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C'est beau !!!