"La blonde aux yeux noirs", La nostalgie a du bon


Un personnage qui survit à son créateur

 

Journaliste, romancier et scénariste irlandais, John Banville alias Benjamin Black nous livre ici de nouvelles aventures du détective Philip Marlowe, personnage inventé par Raymond Chandler et incarné à l’écran par Humphrey Bogart dans the big sleep. Robert B.Parker avait déjà proposé une nouvelle mouture de ses aventures en reprenant un manuscrit inachevé de Chandler qui fut publié en France sous le titre de Marlowe emménage. Ici, c’est une aventure inédite que nous propose Benjamin Black (seul le titre est de Chandler : il notait sur un carnet des idées de titre pouvant servir au cas où). Ainsi, Marlowe revit, à l’instar d’Arsène Lupin et de bien d’autres. Cela en vaut-il cependant la peine ?

 

C’est reparti pour un tour !

 

En pleine canicule californienne, Philip Marlowe reçoit la visite de Clare Cavendish, riche héritière de Bay city, qui lui demande de retrouver son amant, Nico Peterson. Le hic est que Nico Peterson est censé être mort et que Clare l’a aperçu quelques jours après. Marlowe pourrait refuser mais il tombe sous le charme de la blonde aux yeux noirs et commence son enquête. Il découvre tout d’abord que Clare ne lui a pas tout dit et que Nico Peterson avait ses secrets… Têtu, Marlowe ne lâche pas l’affaire…

 

Suite et fin ?

 

John Banville alias Benjamin Black livre ici un Marlowe très crédible. On retrouve le fameux monologue du héros, sa déambulation dans un Los Angeles capiteux et torride peuplé de policiers violents et obstinés, de dealers et de femmes fatales. Entre deux verres, l'enquête progresse vers des impasses, comme souvent. Stylistiquement, Black utilise les fameux métaphores de Chandler et choisit de situer son roman après The long goodbye (on retrouve d’ailleurs pas mal d’allusions à Terry Lennox). Ici rien ne cloche ou presque. Mais le roman noir actuel a-t-il encore quelque chose à voir avec la morale de Chandler ? N’est-ce pas finalement Dashiell Hammett qui continue d’influencer le plus les écrivains aujourd’hui ? Vaste sujet. Reste qu’en lisant La blonde aux yeux noirs, on retrouve le visage de Bogart et une ambiance que le critique a beaucoup aimé autrefois. Ne boudons pas notre plaisir de lecteur !

 

Sylvain Bonnet

 

Benjamin Black, La blonde aux yeux noirs, traduit de l’anglais (Irlande) par Michèle Albaret-Maatsch, robert Laffont, janvier 2015, 363 pages, 20 €

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.