Guy Debord – Un art de la guerre : à boire & à manger
La BnF présente l’exposition éponyme jusqu’au 13 juillet 2013. Une visite au cœur de l’univers Debord : la révolution par la dérision. Poète, artiste, marxiste, Guy Debord tenta plusieurs démarches. Echoua se releva. Initia deux mouvements d’avant-garde (l’Internationale lettriste, 1952-1957 et l’Internationale situationniste, 1957-1972) et devint cinéaste. Ce touche-à-tout appliqua ses théories à la lettre, pratiquant la dérive, le jeu permanent, le détournement… C’est ainsi que l’on vit fleurir sur le mur de la rue de Seine, en 1953, NE TRAVAILLEZ JAMAIS. Mais se l’est-il appliqué à lui-même ? Guy Debord (1931-1994) n’aurait jamais travaillé. Seulement marché, bu (beaucoup) et lu. Mais écrire de la poésie, tourner des films, diriger une revue, etc. c’est tout de même du travail. D’une certaine manière. Il y a donc une petite coquetterie dans cette démarche. Attitude ambigüe. Guy Debord, un fat snob alors ?
Comme toute légende, il convient de la démonter pour mieux comprendre. Les raccourcis ne sont jamais bon conseillers. On verra donc qu’il y a grand écart entre les aspirations d’un jeune étudiant sous le soleil méditerranéen et la pratique au cœur du système. Comme nous le rappelle Patrick Marcolini, "le rapport de Guy Debord à la théorie a toujours été ambivalent, partagé entre la méfiance pour une pensée isolée de la pratique et l’ambition de parvenir à une compréhension globale de la société moderne et contemporaine, qui s’approprierait le matériau accumulé par la philosophie et les sciences humaines. De cette ambivalence témoignent les opinions changeantes de Debord sur sa propre condition de théoricien."
On
le comprend assez vite, tout cela n’est pas loin d’être une
farce. Prise très au sérieux par son concepteur et ses amis. Mais
il y a beaucoup de verbiage. Tant dans les analyses de cet ouvrage
que dans les concepts étudiés. Guy Debord part en guerre ?
Sans doute, mais tout comme Deleuze, si certaines idées sont
lumineuses, elles brillent d’un soleil utopique qui n’éclaire
que les songes. Et quelques rames de papier… Quand elles
n’enfoncent pas des portes ouvertes… Tout cela ne tient pas
concrètement face aux réalités d’un quotidien de plus en plus
compliqué.
Annabelle Hautecontre
Collectif, Guy Debord – Un art de la guerre, 220x270, Gallimard/BnF, mars 2013, 224 p. – 39,00 €
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