Souvenirs d'une figure de la Nouvelle Droite : Jean-Claude Valla


Disparu trop jeune en 2010, à soixante-cinq ans à peine, Jean-Claude Valla était, outre un homme charmant, un grand journaliste doublé d’un historien non-conformiste. Avant de mourir, il avait eu le temps de rédiger des souvenirs, hélas inachevés, mais pleins de révélations sur l’histoire interne des multiples droites françaises. Massif, portant un beau nez de boxeur, Jean-Claude Valla se voulait fils de l’antique Bourgogne, celle du Téméraire et des légendes germaniques. Issu d’une famille de la petite bourgeoisie provinciale, industrieuse et patriote (ses parents étaient gaullistes), il connut sa première révolte à l’âge de 14 ans, lorsque les Soviétiques mirent Budapest à feu et à sang. L’agonie de l’Algérie française fut pour lui une torture, qui décida de tous ses engagements ultérieurs, comme pour nombre de militants « dextristes ». Son parcours chaotique, à l’image de ces années de cendres, le mena des lisières de l’OAS à divers mouvements activistes, où il croisa quelques figures hautes en couleurs, d’Alain Madelin à Dominique Venner. Mais la grande rencontre fut celle d’un jeune étudiant à lunettes, un boulimique de lectures et un travailleur infernal : Alain de Benoist, alias Fabrice – surnom qu’utilisent encore ses vieux amis. Bien avant mai 68, les deux jeunes rebelles se lancèrent à fond dans l’aventure de ce qui allait devenir la Nouvelle Droite, mouvement souterrain dont l’histoire mériterait d’être écrite sine ira et studio, comme un moment de la culture française, qui rassembla des figures aussi singulières que Pierre Gripari et Louis Rougier, Pierre Debray-Ritzen et Jean Cau. Un temps secrétaire général du GRECE, rédacteur en chef de la revue Eléments, qui vient de fêter ses 40 ans, Valla  fut aussi l’une des figures marquantes de la presse conservatrice, puisqu’il occupa de hautes fonctions, e. a. à Valeurs actuelles, au Figaro-Magazine et à Magazine-Hebdo.


Après son éviction par Louis Pauwels du Figaro-Magazine à la suite d’une intense campagne de lynchage médiatique, il publia aussi des études historiques, surtout sur la période de l’Occupation, dont il connaissait admirablement les doubles et triples jeux. Son livre ultime fait réentendre sa voix chaleureuse, celle d’un homme entier qui imposait le respect.

 

Christopher Gérard

 

Jean-Claude Valla, Engagements pour la civilisation européenne. Souvenirs, préface de Michel Marmin, Editions Alexipharmaque, 189 pages, 19€

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