L'épée brisée, la Fantasy n'est pas un conte de fées


Un oubli à réparer

 

On ne soulignera jamais assez le mauvais traitement infligé en France à Poul Anderson, écrivain majeur de la science-fiction américaine. En partie parce qu’il était partisan de l’intervention américaine au Vietnam, Anderson a été mis au pilori par la critique française dans les années 60 et 70. Le Belial, éditeur courageux, obstiné et talentueux, a entrepris de réparer cette erreur depuis une quinzaine d’années en (re)publiant ses ouvrages majeurs. Cela a donné Le chant du barde, un recueil de nouvelles éblouissant, et Tau zéro, un roman de hard science enthousiasmant. Voici maintenant le tour de L’épée brisée, roman de Fantasy préfacé par Michaël Moorcock (on verra bientôt que c’est logique).

 

Légendes

 

En plein moyen-âge, un bébé, fils du roi Orm, est enlevé à sa naissance par l’elfe Imric, (manipulé en fait par une sorcière désireuse de se venger d’Orm). Imric remplace l’enfant par un bébé changelin, mi troll mi elfe et dont il est le père. Valgard et Skafloc grandissent ainsi dans le mensonge. L’un croit qu’il est le fils aîné d’un roi humain, l’autre est élevé co

mme un elfe (et voit Imric comme un père). Valgard est aussi violent et déraisonnable que Skafloc est courageux. S’ensuit une série d’évènements qui démantèlera la maison d’Orm, mettra face à face Valgard et Skafloc. Ce dernier recueille Freda, fausse sœur de Valgard (et donc sa vraie sœur : ceci rappelle les Atrides) dont il tombe désespérément amoureux… La guerre entre Trolls et Elfes fait bientôt rage et Skafloc se met en quête d’une épée magique susceptible de donner la victoire à son peuple d’adoption. Odin veille…

 

Un ouvrage fondateur de la Fantasy

 

Ne boudons pas notre plaisir : ce roman est une grande réussite, certainement un des chefs d’œuvres de son auteur. On comprend que Michaël Moorcock se sente une dette une dette envers Anderson, tant il semble évident qu’il lui ait emprunté le thème de l’épée runique et maléfique pour créer Stormbringer. Le style et la narration de L’épée brisée renvoient aux contes moyenâgeux, tout autant que Le seigneur des anneaux, publié à la même époque. Plus dur, plus violent, plus âpre, plus sauvage que le roman de Tolkien, le livre d’Anderson suscite en tout cas l’enthousiasme, celui qui animait l’auteur de ces lignes lorsqu’il découvrait le cycle d’Elric à l’âge de 14 ans. On ne peut que recommander et Anderson et ce roman.

 

 

Sylvain Bonnet

 

Poul Anderson, L’épée brisée, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Jean-Daniel Brèque, préface de Michael Moorcock, couverture et illustrations de Nicolas Fructus, Le belial, novembre 2014, 320 pages, 21 €

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