Jean Claude Solana : Espèces d’espaces, espaces de l'espèce

La ville de Toulouse devient le territoire de la rencontre du lecteur et du narrateur. Ce dernier en a fait une sorte de terrain de jeu de sa réflexion et de ses aventures.
Dans la ville réputée pour sa couleur, sa propre vie n'est pas forcément rose. Néanmoins il s'en fait le décrypteur au sein de ses déambulations.

Il en reste le fixeur ailé qui traverse les temps et interroge à travers lui le rapport intime que chacun entretient avec sa ville. Il la considère  autrement qu’un labyrinthe de rues qu’on traverse pour aller d’un point A à un point B et il  sort du rapport purement utilitaire que l’on entretient avec le territoire urbain.

La démarche de Solana va dans le sens où allait celle de Perec : chercher la poétique de la ville dans l’étonnement qu’elle suscite. Faire un pas de côté, se laisser surprendre, accepter le jeu et les règles qui vont avec :  par ce biais et comme en off se repense une politique de la ville et de ses habitants.

D'où cette aventure intime et singulière. Elle peut se dessiner en décalcomanie pour chacun de nous. Et si l'agglomération a parfois tendance à produire des êtres isolés, le narrateur les rapproche et s'en rapproche qu'ils soient vivants ou morts. C'est aussi ramener l'inconnu  en des temps lointains ou dans l’intimité de celui qui raconte, sans même se déplacer – ou presque. À l’intérieur même de sa ville, chaque quartier, chaque immeuble résonnent à leur manière. Et qu'importe si un tel narrateur n'y est jamais invité comme acteur de premier rang. Sauf lorsqu'il s'agit du cimetière...


Jean-Paul Gavard-Perret

Jean-Claude Solana, Les dames de la carte du ciel, Interstices, 64 p., 15 €
(Photographie de Patricia Huchot-Boissier)

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.