Un grand cru 1975

   René Fallet aurait-il pu publier Le Beaujolais nouveau est arrivé en 2010 sans risquer les foudres des ayatollahs de la santé et des hypocrites (crates?) du conseil de l’ordre et du ministère? Il est vrai que le jaja et le picrate n’ont plus la cote de nos jours où l’objectif unique semble être de crever en bonne santé. Enfin, brisons là sur le sujet, en matière de santé comme pour le reste, appelons une figure de référence en la personne d’Arthur Rimbaud, « la morale est une maladie de l’âme ».


Il n’en reste pas moins un roman formidable sur l’amitié, sur le vin, sur l’humanité. Une ville de banlieue, banlieue rouge comme le suggère les noms des rues, un bistrot, un vrai, le bistrot du coin de la rue, celui des copains et des habitués, avec son lot d’ivrognes et de philosophie. Toute la vie est organisée autour du bistrot, boire le pot de l’amitié, l’apéro, un coup d’Beaujolpif avec les potos, voilà le sacré de la vie, l’amitié, l’amitié et le vin qui célèbre l’amitié.


Et voilà novembre avec l’arrivée du Beaujolais nouveau. Oh certes , c’est pas un grand cru bourgeois, mais c’est pas ce qu’on lui demande au Beaujolais nouveau. Un vin frais, léger, un vin de soif à partager entre potes… entre Captain Beaujol, Paulo Debedeux, Poulouc et Camadule, les quatre comparses aux aventures éthyliques pleines d’humour et d’humanité.


Le roman est admirablement servi par l’écriture de Fallet (qui fut l’ami de Brassens dont il a signé une biographie et critique littéraire au Canard Enchaîné), plume truculente, périlleuse, sauvage, débordante d’inventivité, riche du langage des bistrots et des trouvailles sémantiques des poivrots.


Ça fait du bien de lire ça aujourd’hui, vraiment, c’est réconfortant sur l’humanité, l’amitié et bien entendu, le vin.


René Fallet, Le beaujolais nouveau est arrivé, Denoël, 1975, 13,45€

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