Résumés et analyse des grandes œuvres de la littérature classique et moderne.

L’île des esclaves de Marivaux : Résumé


Résumé : L’île des esclaves de Marivaux (1725)


On suppose que des esclaves de la Grèce, révoltés contre leurs maîtres, se sont réfugiés dans une île qu'ils habitent depuis cent ans. Dans les premiers temps, lorsque le ressentiment des outrages qu'ils avaient reçus était encore vif, ils ôtaient la vie à tous les hommes libres qui tombaient en leur pouvoir ; mais au bout de vingt ans, ils remplacent cette loi cruelle par une loi toute bienveillante : ils ne cherchent plus à se venger de ces maîtres d'abord si odieux, mais à les corriger, et pour cela ils les retiennent en esclavage, s'efforcent de les rendre sensibles aux maux qu'on y éprouve, et leur font subir pendant trois ans tous les désagréments d'une dépendance qu'ils regardent avec raison comme une école d'humanité. Nous nous demanderons, en passant, comment un peuple assez sage pour faire entrer une telle idée dans sa législation, a pu commencer par jouir de vingt années d'une horrible vengeance. N'importe, la loi existe, et c'est sur elle qu'est appuyée la fable légère de cette petite comédie.

 

Iphicrate avec son esclave Arlequin, Euphrosine avec sa suivante Cléanthis, sont jetés par un commun naufrage dans cette île singulière, dont les usages leur sont déjà connus. Trivelin, qui paraît être un des magistrats du pays, les fait changer de noms, d'habits et de rôles. Iphicrate devient l'esclave d'Arlequin, et Cléanthis la maîtresse d'Euphrosine. On devine l'humiliation de ceux qui ont perdu au change, et la joie parfois arrogante de ceux qui ne pouvaient qu'y gagner. De là une suite de scènes assez plaisantes, mais trop uniformes, et d'un comique déjà vieux pour l’époque. On doit remarquer pourtant celle où Cléanthis, sur la demande de Trivelin, détaille en toute liberté et avec délices les défauts d'Euphrosine, femme vaine, minaudière et coquette, forcée d'entendre les reproches de sa suivante, et bientôt après d'en reconnaître la justesse ; son portrait est touché de main de maître.

 

Une autre scène non moins amusante est celle où Cléanthis et Arlequin essaient, en présence de leurs nouveaux esclaves, de prendre les grands airs et les belles manières, et de se faire l'amour comme le font les honnêtes gens. Ils finissent par convenir entre eux qu'Arlequin fera une déclaration amoureuse à Euphrosine et que Gléanthis en arrachera une à Iphicrate, au moyen de ces petites avances que peut bien se permettre une fille suivante devenue femme de qualité. À ce coup, l'orgueil d'Iphicrate et d'Euphrosine éclate en plaintes bien légitimes ; Arlequin se repent le premier d'avoir poussé si loin la confiance tant soit peu insolente qui lui venait de son titre imprévu, et son maître avoue aussi alors qu'il eut de grands torts envers lui autrefois. Cléanthis et Euphrosine imitent ce double exemple, avec moins d'abandon et tout en se permettant quelques récriminations ; ce sont des femmes qui se réconcilient. Tout le monde s'embrasse et pleure. Survient l'honnête Trivelin, qui, justement enchanté de ce spectacle édifiant, embrasse aussi les naufragés, et leur déclare qu'ils pourront partir dans deux jours pour Athènes.

 

[M. Duviquet. Œuvres complètes de Marivaux, 1830]


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