1987. Marcus, adolescent, orphelin et SDF, traîne son existence dans les rues de San Francisco. Lorsqu'il rencontre Saya, cette dernière lui apprend l'existence de l'Académie Kings Dominion des Arts Létaux. Dans cette école, les enfants de toutes les élites viennent apprendre l'art subtil de l'assassinat. Marcus intégre l'école, avec un seul objectif : se venger de Ronald Reagan, qu'il estime responsable de la la mort de sa famille…

Rick Remender et Wes Craig voulaient évoquer les années 80, leurs années lycée et surtout la période de l'adolescence. Et on sent que Marcus, le personnage principal de Deadly Class, est construit à partir de pas mal de leurs souvenirs personnels. Évidemment, l'idée d'une école d'assassins est totalement fictive, et sert à brouiller un peu les pistes et surtout à « habiller » l'intrigue pour la rendre un peu plus divertissante. L'histoire est constamment traversée par une mélancolie, un spleen, le sentiment qu'à Marcus de n'être jamais réellement à sa place.

À la lecture du résumé ci-dessus, on pourrait penser que Deadly Class raconte le quotidien d'élèves dans un lycée hors-norme. Oui… et non. Non, parce que Remender s'empresse de « délocaliser » l'histoire pour lorgner vers le road movie dès le troisième épisode. Cette école d'assassins est donc plus un prétexte qu'un décor (rapidement survolé, par ailleurs).

Il ne faut donc pas s'attendre à un titre du genre « à l'école des assassins ».

Ces dernières années, Rick Remender est devenu un des scénaristes vedette de Marvel, capable du meilleur (Uncanny X-Force) comme du pire (Axis). Pendant ce temps il a continué à développer des titres plus personnels sur la scène indé avec des titres de SF comme Fear Agent ou l'excellent Black Science.

Deadly Class, c'est un travail d'orfèvre, pour lequel aucun détail n'a été laissé au hasard : le lettrage rappelle un peu celui d'Alex Toth ; les fabuleux dessins de Wes Craig empruntent au style de Miller (avec une multiplication de petites cases) tout en proposant pas mal d'expérimentations visuelles ; sans parler de la bande son, punk à souhait.

Sur le thème de la famille, celle dont on descend et celle que l'on se construit, Rick Remender et Wes Craig déroulent une histoire forte, violente. Tout n'est pas réussi, je pense que l'ambiance eighties aurait pu être bien mieux évoquée, par exemple, ou que Remender n'évite pas certains stéréotypes (le méchant psychopathe et zoophile…). Mais en plus d'être superbe et soigné sur le plan graphique, Deadly Class travaille tant le lecteur sur ses souvenirs d'adolescence qu'il est difficile de rester insensible. Des qualités à confirmer dans un tome 2 à sortir très vite début novembre.

D'ici là, glissez l'album Milo goes to college des The Descendents dans votre walkman, et poussez le volume à fond !

Stéphane Le Troëdec

Rick Remender (scénario), Wes Craig (dessins)

Deadly Class, tome 1 – Reagan Youth

Cet album compile les épisodes 1 à 6 de la série Deadly Class publiée aux USA par Image Comics.

Traduit de l'anglais par Benjamin Rivière

Édité par Urban Comics (2 octobre 2015)

Collection DC Renaissance

160 pages

10,00 euros

EAN : 9782365775946

En bonus, la bande son de Deadly Class !