Nouvelles de la Grande Guerre : la littérature au service de l'Histoire

Quand les plus grands écrivains nous racontent leur vision de la Première guerre Mondiale.

 

C’est une si bonne idée qu’on s’étonne que personne ne l’ait eu avant. Laure Pécher, responsable de la collection «Les classiques du monde» de la maison d’édition suisse Zoe a eu décidé de rassembler dans un même recueil quelques unes des grandes nouvelles écrites aux quatre coins de l’Europe sur ce conflit si meurtrier.

 

On retrouve donc sous la plume d’Henri Barbusse, de Stephan Zweig, de Rudyard Kipling ou d’Albert Londres tout le tragique de cette période : la mobilisation, l’espoir et la fleur au fusil, la guerre de terrain avec les tranchées et l’ennemi qu’on ne voit pas mais dont les balles sifflent et tuent. Comme toujours, il y a le courage, la trahison, les déserteurs, le sort des civils, des victimes et celui des prisonniers ou des profiteurs de guerre.

 

Mais, dans ce désastre collectif, reste l’humain. Conan Doyle fait reprendre du service à  son héros, Sherlock Holmes, pour le compte de la Couronne  tandis que Zweig met en scène un pauvre bouquiniste juif nommé Mandel que l’on soupçonne d’être un espion et qui reviendra brisé d’un camp. Barbusse, lui, s’intéresse à «La petite lune méchante» qui rend les hommes en proie à une surnaturelle appréhension et Alexis Tolstoï à l’ennemi et à sa psychologie. De Roumanie, de Russie ou d’Angleterre, les récits écrits pendant ou après la guerre crient toutes les vies qui s’achèvent dans la boue, l’injustice, l’incompréhension. Les civils en font les frais et partent à la recherche de leurs disparus (Le jardinier) ou au contraire s’enrichissent (Le contrat) sur le dos des combattants.

 

C’est parfois si vivant qu’on a l’impression de voir un reportage sur les tranchées boueuses, sur ces hommes hébétés de fatigue et de peur, sur ces paysages détruits par la folie humaine. Mais en même temps ces récits appartiennent à la littérature et le montrent pleinement : on  retrouve le roman d’espionnage cher à Conan Doyle, le réalisme de Zweig, le récit direct chez Barbusse. A noter le très beau travail du romancier roumain Liviu Rebreanu qui, dans «Itsic Shtrul déserteur» livre sous la traduction de Jean Louis Courriol un récit crépusculaire et d’une beauté accablante d’un homme qui va mourir.

 

Ariane Bois

 

Nouvelles de la Grande Guerre, ouvrage collectif, éditions Zoe, octobre 2014, 218 pages, 19 €

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1 commentaire

intéressant !
il y avait aussi si mes souvenirs sont bons un volume du genre Bouquins chez Robert Laffont consacrés aux nouvelles des écrivains de la grande guerre ...
anniemots (http://anniemots.com/)