Fermeture en fondu sur la lumière du soir : Alessia Valli

Il arrive que l’émotion sentimentale offre à l'existence une force incomparable et prouve que toutes les histoires d’amour ne finissent pas forcément mal même lorsqu’elles sont improbables. Cinquante ans séparent  ici l’amante solitaire et mélancolique et son mentor philosophe à succès (et qui sait en « jouir »). Chez lui tout commence un peu comme un jeu. Il s’agit de succomber à l’instant. Mais chez la jeune femme l’amour est une drogue dure. La rencontre improbable devient subversive voire excessive. Certain pourrait voir en Cassandre (la bien nommée pour son côté folle d'amour et pythie) la prototype de la névrosée. Mais ce serait une erreur. Elle arrive à faire saillir le côté féminin du macho. En rien Lolita et grâce à lui elle arrête d’être triste. C’est un choix difficile. Certes elle n’est pas sûre de ne plus être chagrinée mais par d’autres moyens. Sa vie peu à peu prend sens : elle a déjà un milieu et une provisoire fin qui lui permettra de rebondir. La souffrance amoureuse n’est plus crainte.  Elle est presque de bonne augure pour la suite. La folie du jour comme le manque d’assurance assurent le moyen de casser une fatalité antique. Cassandre par delà les générations peu à peu détient le temps comme processus de son accomplissement. Preuve qu’ici l’écriture ni ne détruit, ni ne réduit la vie : elle la magnifie par la présence irrécusable de celui qui forcément devient l’absent. Il n’épuise pas la vie : il la maintient, la dégage de tous miasmes morbides.


 Jean-Paul Gavard-Perret


Alessia Valli, La nostalgie du crépuscule, Michalon éditeur, Paris, 223 pages, 16 Euros, 2015

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