EXTRAIT DE VOUS

J’ai  lu et relu plusieurs fois l’extrait du roman de « VOUS » le dernier ouvrage, du grand écrivain  Bernard Pinguaud, publié en 2015. Je voulais  y faire un commentaire, mais la prudence s’impose quand on a affaire à un  écrivain, aussi talentueux, et un homme politique comme Bernard Pingaud. Il faut être de taille pour pouvoir faire une critique de ses œuvres ou simplement des commentaires.

Le récit est une rétrospective de la vie de l’auteur. Le fond de son tourment est résumé par ces quelques phrases :

 « … L’isolement qui m’arrangeait si bien quand j’écrivais, maintenant, me pèse. Je voudrais, c’est un comble, qu’on s’occupe de moi. Un bonjour de temps en temps, un coup de téléphone le matin pour savoir si je suis toujours vivant, quelques douceurs déposées devant ma porte… »

Dans l’extrait, le narrateur et l’écrivain se confondent. L’écrivain  est  omniprésent par son empreinte du «  Je » dominant dans le texte. Le style est sobre, il reflète la personnalité du narrateur.

L’ouvrage est une longue correspondance où le destinataire, Jeanne Loisy, est imaginaire, et que le narrateur considère comme une lectrice privilégiée. Les phrases sont plutôt courtes. La narration est au rythme de la sénilité, voire au rythme émotionnel. On a l’impression qu’il observe, à chaque  mouvement, plusieurs fois un temps d’arrêt. Un temps de réflexion et de méditation.

Il opère des vas-et-viens dans le récit pour replonger le lecteur tantôt dans le passé, tantôt dans le présent.  Il  esquisse, tel un éclair, sa jeunesse comme si elle eut fané avant le temps. Quoiqu’il la définisse par, éternellement jeune, il a seulement peint, en  peu de mots cette tranche, aussi importante, dans la vie d’un homme. Il en efface immédiatement les traces…

 La lettre éveille, aussitôt, en lui tous ses souvenirs et déclenche le déclic. Voilà, pour lui, le prétexte pour vomir tous ce qu’il a dans l’estomac. Tout au long du discours, l’émotion est saillante. D’emblée, Il nous fait sentir l’angoisse de la solitude. « Être n’est pas vivre comme il le définit si bien  »

 L’amour raté et l’échec de son dernier ouvrage sur qui il misait beaucoup et, qui n’a pas rencontré, un lectorat souhaité,  ont été la cause intrinsèque de son isolement du monde extérieur qui la conduit dans une sorte de tunnel sans issue. Son amour était voué à Jeanne, la lectrice,  et non à la violoniste. Parce qu’il évoquait, malgré une très longue période, les moindres détails de son portrait et de cette première rencontre.

L’échec  peut arriver, subrepticement, comme la mort.

Dans le silence qui le cerne de toute son épaisseur, le narrateur lance un appel de secours, alors que personne ne l’entende. Il reste cependant seul avec ses souffrances. Il se bat, désarmé, contre la solitude. Il recherche, vainement, une conciliation entre l'échec et l’espoir. Quand on ressent que tout le monde vous tourne le dos, une seule idée vous vienne en tête, c’est d’en finir au plus vite. C’est à cette idée que le narrateur  avait songé un moment.

 

 Roudane

 

 Bernard Pingaud, Vous, Le Seuil, 2015, 160 pages - 17.00 €

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2 commentaires

Roudane, peut-on vraiment commenter ou faire un article sur un livre dont on n'a lu qu'un extrait, ainsi que vous le dites en préambule ? 

Tout à fait d'accord avec vous !  Pour faire un article ou un commentaire sur un ouvrage, il faudrait l'avoir lu en entier. Mais l'extrait me semblait reflété l'essentiel. C'est pourquoi j'ai écrit cet article tout en prenant  les précautions nécessaires pour éviter de faire  une mauvaise interprétation des intentions d'un grand écrivain comme Bernard Pingaud.