Vous aimer de Caroline Bongrand : La conversation amoureuse

Elle n’a pas de prénom, lui non plus. Ils se rencontrent, se plaisent puis tombent amoureux fous l’un de l’autre. La fin d’une jolie histoire, somme toute banale ? Non, le début d’une liaison qui n’en est pas vraiment une car ils sont tous les deux mariés. Ni l’un ni l’autre ne souhaite faire du mal à sa moitié. D’où ce pari insensé à l’heure du sexe triomphant, immédiat, éphémère : s’aimer toujours mais sans le faire. Vibrez mais sans jamais coucher. Décidément l’amour chaste revient à la mode, Serge Joncour l’avait déjà traité dans son très beau L’amour sans le faire.

 

Caroline Bongrand reprend ce thème en le féminisant. Son héroïne est une femme beaucoup trop raisonnable, presque résignée. Elle pense qu’il faut mieux une vie tranquille auprès d’un homme qui la critique sur son physique, la blesse et la méprise, qu’être seule. Et puis il y a les enfants, qu’il convient de préserver. Ce genre d’arrangement, on le sait, ne dure jamais. Quand lors d’un rendez-vous de travail elle rencontre un homme conquérant, qui la fait rire puis l’inonde de textos de plus en plus pressants, la belle incomprise envisage de craquer… C’est sans compter avec l’absence de sens moral de celui pour qui elle est prête à tout quitter.

 

L’auteur de Trois définitions de l’amour revient sur la cristallisation amoureuse chère à Stendhal, sur le mécanisme du coup de foudre et sur les enjeux de la séduction vu du côté féminin. On assiste à la métamorphose de l’héroïne, transfigurée par la grâce de l’amour qui lutte, se sacrifie, se repent et recommence. C’est léger, charmant, bien troussé et parfois empreint de poésie. Chabadabada…

 

Ariane Bois

 

Caroline Bongrand, Vous aimer, Robert Laffont, mai 2016, 216 pages, 17 €    

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