Un fils obéissant de Laurent Seksik : son père, ce héros

Pour être obéissant, Laurent Seksik que l’on connaît pour son travail sur Roman Gary, Eduard Einstein et Stefan Zweig, les trois pères d’adoption qu’il s’est choisis, l’est vraiment. Sa mère le voulait médecin, son père le rêve écrivain : le jeune homme obtempère à la doxa familiale et sera les deux pendant longtemps, jusqu’à ce que la plume l’emporte sur le stéthoscope.

Il rend hommage à son père et lui fabrique un tombeau magnifique de mots et de phrases coulées dans les larmes. Car le fils aimait le père et celui-ci le lui rendait bien. Il a fallu à ce dernier un an après sa mort pour se mettre au travail et restituer des morceaux de la vie de cet homme, administrateur dans une société de bienfaisance qui doit rédiger à la mort de chacun de ses membres un éloge funèbre. Ici peu justement d’éloge proprement funèbre, mais plutôt une collection de souvenirs familiaux dont un voyage farfelu jusqu’à Atlanta au début du siècle effectuer par le grand-oncle pour arriver chez Coca Cola, des séjours en Israël, dans la ville de Nice. 

Autobiographie romancée, hommage triste, berceau de mots, ce texte de piété filiale s’inscrit dans une longue tradition, mais nous émeut par son honnêteté, la beauté de la légende familiale et bien sûr l’amour qui se dégage de la lecture. On n’oubliera pas M. Seksik père, qui d’où il est peut, à juste titre, se montrer fier de son rejeton.

Ariane Bois

Laurent Seksik, Un fils obéissant, Flammarion, août 2018, 256 pages, 19 €

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