"Reste l'été", car tout s'est écroulé, et Nicolas Le Golvan donne un très beau roman, sensible et qui ne surjoue pas, sur la crise de la quarantaine

Dès qu'il se retrouve seul, c'est comme si de nouveau il respirait, comme s'il avait enfin trouvé ce qui faisait de sa vie cette chose qu'il ne supportait plus et qui le rendait si peu aimable, même avec les siens. Les siens, justement, femme aimée, enfants aimés, c'est d'eux qu'il s'est pour ainsi dire libéré par une phrase simple mais qui claque comme la rupture absolue : « Je ne rentre pas avec vous demain ». Après son quarantième anniversaire lors du séjour traditionnel dans la maison familiale de l'île de Ré, il reste, eux partent. La maison se délabrait, il faut repeindre les volets. Prétexte...


« Je continue à chercher des traces d'une histoire qui était la mienne à travers la maison. »


Resté seul sur l'île, le narrateur se redécouvre, fait seul des châteaux de sable, des promenades, pense à sa mère et à l'enfant qu'il a été. Oublie petit à petit d'appeler sa femme, ses enfants. Oublie les jours qui défilent aussi bien que les heures, il s'est « libéré de [sa] montre ». Il est seul, parfaitement, face à la mer qui charrie ses souvenirs et lave sa mélancolie de petit homme installé dans une vie où il ne se reconnaissait plus. Bois-Plage, c'était le lieu tant attendu où lancer son énergie enfantine à la conquête du monde. C'est devenu, au fil du temps, le lieu des ennuis réguliers, des conventions, des événements répétés comme dans une farce absurde, jusqu'à l'anniversaire avec les amis qui clôt les vacances.


« J'avais traversé une épreuve nécessaire, c'en était presque héroïque, celle de me mesurer à l'immensité de mon égoïsme et de constater mon échec, ma totale impuissance, sans elle, sans eux. »


Pris entre les figures maternelles qui ont gouverné sa vie – la mère, la sœur omniprésente, la femme  – , ce petit homme est porté par le ressac des souvenirs à essayer de devenir lui-même, à faire comme son père le jour de ses 9 ans, la grande fuite en avant. Mais peut-on décider quel est le vrai soi sans fausser sa relation au monde ?


Nicolas Le Golvan donne avec Reste l'été un très beau roman sur la perte et la renonciation, sur la crise de conscience d'un quarantenaire qui enfin grandit, mais peut-être un peu tard, mais peut-être au détriment de ce qui le tenait debout...


Loïc Di Stefano


Nicolas Le Golvan, Reste l'été, Flammarion, août 2012, 161 pages, 16 euros


En complément : 

entretien vidéo de l'auteur par son éditeur

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