Värlig : la poésie est une peau, La poésie est une chair

                   

 

 

Värlig, « V. Vibe », Poèmes Epars, Villeurbanne, 79 pages, 16 E.., 2013.

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Värlig  sait qu’écrire n’est pas saisir, encore moins posséder le monde ou le maîtriser. Ce n’est pas pour autant que l’écriture - et l’auteure le prouve -  appartient à un art pauvre. Ou alors il faut entendre dans l’adjectif « pauvre  » une conscience aiguë que l’écriture travaille de ses traces. Elles ne présente pas le monde sous forme de vestige mais de le ramène à un état naissant même dans ce qu’il a de plus cruel. Värlig en sait quelque chose : « j’ai vécu dans la mort » écrit-elle mais elle la conduit dans la vie en la transformant en bombe  humaine « Bombing Bomb Boom Bomb ».

 

Les textes de « V. Vibe » sont des mémoires toujours brèves jamais narcissiques : bref ce sont des plutôt des antimémoires. Elles portent en elles  un «  poing » de vue qui est un point de vie et de mort. Elles relèvent autant de l’empreinte que du frottage afin d’ouvrir à une autre lecture des choses et des états.  Productrice d’une connaissance aussi intime que distanciée Värlig invente un  lyrisme en lui tordant le cou. On sent son souffle qui tel la vapeur des mâchoires devient le refus de toute pose. Le vers libre empêche la glaciation du sens dans une forme fixe. L’auteure demeure arc-boutée vers une appréhension du monde qui la rapproche, si l’on veut absolument établir des lignes de reconnaissance du côté du Grand Jeu et d’une poésie primitive ou de l’instinct. Elle reste tout autant une recherche dotée d’une étonnante force d’imprégnation et de déstabilisation de la vie.  

 

Même sous formes de la cendre  le poème brûle de vie Il devient éponge naturelle qui permet de faire penser les sensations intimes au lecteur anonyme. Il se sent soudain en communauté avec la poétesse. D’autant que Värlig à la fois déborde la langue mais la retient afin que l’écriture garde toute sa force de martèlement. Loin d’un répertoire automatique qui érige le hasard en bon gnome du langage, la créatrice invente une scansion afin d’apprendre le dur métier de vivre plus que celui du désir de durer.

 

Tout un monde d’intensités duales se forme par pression, comme si le corps de la poétesse les projetait à force de marcher dans sa peau comme dans la peau de l’espace. Entre elle et le monde il n’existe  que cette peau de l’écriture. Elle devient plus qu’un tatouage, sa propre peau réceptacle et porte empreinte du monde qui le sculpte. Cette peau est aussi le champ de fouille de son destin et l’écriture de sa chair. Elle est donc écorce mais surtout griffure, mue et connaissance capable de créer une phénoménologie poétique afin d’ouvrir les voiles du temps, pas à pas, pied à pied, corps à corps.

 

J-P Gavard-Perret

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1 commentaire

pfff.. eh ben, là, ya pas à dire, cette critique, c'est du lourd...ça en a presque un effet comique, à force de ne vouloir rien dire. On se dit : "c'est pas possible, où va-t-il chercher ça, le JPGP ? c'est encore pire que d'habitude!" On le montre aux copains, et tout le monde rigole.
 Allez, soyez sympa, dites-nous : pour le dernier paragraphe, particulièrement abscons et halluciné, vous aviez fumé quoi?