Vice & vertu, de la poudre d'or dans les yeux

Dans l'atmosphère de la prohibition  des années 20, Suzanne Rindell nous conte une histoire de pouvoir au féminin. Bien sûr, en matière de pouvoir, la séduction en est la première arme et l'héroïne qui figure en couverture va en user et en abuser avec talent en jetant de la poudre d'or dans les yeux de sa victime.

 Nous sommes donc à l'époque des Années Folles,  dans un commissariat. Rose Baker est une gentille dactylo  plutôt ingrate et un peu coincée qui s'acquitte de ses tâches avec zèle. Elle enregistre les interrogatoires des suspects et n'ignore pas grand chose des vilenies de la vie, malgré une éducation chez les religieuses. La jeune femme voit arriver au sein de l'équipe administrative, une femme nommée Odalie dont la beauté,  le magnétisme et le mystère la fascinent totalement. 

Rose la vertueuse va se faire prendre dans la toile que la vicieuse et magnifique créature tisse autour d'elle avec un machiavélisme angélique. L'employée modèle bien sage va goûter à tous les plaisirs défendus et se complaire dans une vie facile que lui offre sa nouvelle amie. Obsédée par elle, elle renie toutes ses valeurs jusqu'à la déraison mais avec une certaine lucidité en veille, ce qui donne du piquant au texte qui reste un peu caricatural. L'éditeur évoque Gatsby le magnifique dans la présentation de cet ouvrage, bien sûr le lecteur fait le parallèle en cours de lecture mais c'est presque dommage, car dans  cette histoire de pouvoir et de mystère cultivés, il sait  forcément où il va, et Rose aussi d'ailleurs, confusément sans doute, mais celle-ci elle obéit  quand même à la belle vénéneuse, en ne cessant  de s'interroger : qui est vraiment Odalie et d'où lui vient cet argent dont elle l'abreuve ?

Le démarrage du roman est très lent car l'auteur se complaît dans de longues descriptions du commissariat et des us et coutumes de l'époque avec une écriture un peu surannée qui va avec, c'est un peu longuet et poussiéreux, j'ai accroché difficilement.  Ceci dit,  l'intrigue ensuite est bien menée et Odalie se fait attachante. Quant à Rose, elle  savoure le mal  avec la candeur des premières fois et  l'amour  qu'elle voue à la fourbe Odalie est tel qu'elle n'en craint aucune conséquence, elle lui sacrifiera tout. Ah..ce que femme veut...

Même si Rose et le lecteur savent vers quoi ils se dirigent, le dénouement n'est pas cousu de fil blanc, c'est heureux (enfin pas pour Rose)  et dans l'ensemble cette lecture fait passer un agréable moment.

Anne Bert

Suzanne Rindell - Vice & Vertu , mon amie Odalie-  traduit de l'anglais (Etats Unis) par Joëlle Touati - Fleuve Editions - 2014 - 318 pages - 19.50 euros.



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