Et rien d'autre de James SALTER

Parution : septem
bre 2014 aux éditions de l’Olivier

Genre : roman biographique écrit à la troisième personne.

Les lieux : Okinawa, baie de Tokyo (Japon), Fort Lee (New Jersey), New York.

L’auteur : James est né le 10 juin 1925 à New York. Issu de la middle classe américaine il termine en 1945 ses études d’ingénieur. Il sort cinquième de sa classe de l‘académie militaire de West Point (son père l’a fortement incité à suivre la même voie que lui) et entre dans l’US Air Force comme pilote. James participe à la guerre de Corée puis il prend la décision d’entrer au Pentagone. Il est affecté en France et commence à écrire. James A. Horowitz publie son premier roman sous le nom de James Salter en 1956 et démissionne de l’armée pour se consacrer pleinement à l’écriture. Son troisième roman, Un sport et un passe-temps, lui vaut une réputation internationale. Se déroulant en France dans la période de l’après-guerre, c’est un roman érotique basé sur le fantasme de la rencontre entre un étudiant américain et une jeune Française, il est alors qualifié aux Etats-Unis de pornographe. Suivent Un bonheur parfait, L’Homme des hautes solitudes et un recueil de nouvelles, American Express. James a également publié une autobiographie Une vie à brûler.

L’histoire : Printemps 1945 : le sous-lieutenant Philip Bowman, jeune homme naïf et idéaliste, a 20 ans. Il participe pendant plusieurs mois à la bataille du Pacifique. Sur un porte avion l’emmenant vers Okinawa, le plus grand assaut maritime de cette guerre de Corée, il est proche de Kimmel un ami connu à l’école navale. Même si aucun n’en parle chacun espère que le moment venu ils sauront se montrer à la hauteur. Ils essuient les attaques des avions kamikazes japonais et alors que la bataille fait rage Kimmel, croyant que le magasin de munitions situé au centre du navire est touché, se jette à l’eau. Récupéré par un destroyer aussitôt coulé, puis par un deuxième également coulé, il devint une légende vivante pour avoir finalement sauté du porte-avion par erreur… Eté 1945 : Philipp rentre à la maison. Sa mère, son oncle Frank, sa tante Dorothy fêtent son retour dans le restaurant familial à Fort Lee dans le New Jersey, tout près de New York. On débouche du champagne « que Frank gardait depuis la fin des années trente ». Sa mère Béatrice écoute le récit du périple du jeune garçon. Elle l’a élevé seule après que son mari, avocat au cabinet Vernon & Wells, l’a quitté pour une femme de la haute société. Bowman reprend le cours de sa vie, il entre à Harvard en commençant par suivre des cours de biologie, des cours d’histoire sur le 16e siècle anglais, pour se tourner finalement vers le journalisme. Désireux de se faire une place dans le monde il pose sa candidature dans plusieurs journaux mais recalé par le New York Times il est embauché dans la petite maison d’édition Braden & Baum pour lire des manuscrits. Un jour de Saint Patrick il rencontre Vivian, riche héritière de Virginie, puis quelques années plus tard ils se quittent après avoir mené une vie d’apparences . Le récit continue s’attardant sur des moments intimes : dégradation de la mémoire et mort de Béatrice ; rencontres amicales, amoureuses ou professionnelles durables ou éphémères ; réflexions existentielles de Bowman au sommet de sa carrière professionnelle, …

Mon avis : si vous avez suivi le tourbillon de la rentrée littéraire de septembre 2014 vous n’avez pas pu échapper à James Salter et son roman « Et rien d’autre ». Le monde de l’édition s’est enthousiasmé pour ce livre, les magazines culturels en ont tous faits leurs couvertures. Cet auteur très original que beaucoup de lecteurs ne connaissaient pas, à raison puisqu’il n’avait pas publié de roman depuis 35 ans, est à découvrir mais ce n’est pas forcément par ce titre-là que j’en conseille la découverte.

James nous propose de suivre la vie d’un jeune homme ordinaire qui fait à 20 ans l’expérience de la guerre de Corée et qui veut tenir un vrai rôle dans le monde. Dès le début du livre si on connaît tant soi peu l’histoire de l’auteur on comprend tout de suite que cette vie est un peu la sienne. Il le dit d’ailleurs bien volontiers : « la fiction c’est la réalité sous une autre forme ». Il a lui aussi était soldat en Corée (aviateur), il devient non pas éditeur mais écrivain, il assume comme Bowman son attirance pour les femmes « l’axe principal de la vie c’est le sexe (…) le sexe et l’amour vivent très bien l’un sans l’autre, mais ils se portent bien mieux quand ils sont ensemble ». Il fait le constat comme son personnage qu’une époque est en train de se finir, les maisons d’édition et les modes de lecture risquent de disparaître : «  le roman sera devenu trop long à lire » là je frémis devant cette prédiction.

Je ne suis pas sûre que j’aurai apprécié à sa juste valeur ce texte si je n’avais pas lu précédemment « Un bonheur parfait » ou « Un sport et un passe-temps ». Le style est toujours magnifique, la trame linéaire, mais j’ai moins accroché que dans les deux textes précédents. C’est peut être parce que ce livre ressemble à un testament avec son cortège de souvenirs et de mélancolie. Peut être aussi parce que j’ai retrouvé la même construction, les personnages entrent et sortent de sa vie sans faire de bruit, les préoccupations sont les mêmes que dans les livres précédents. Un air de déjà vu… Irais-je jusqu’à dire qu’il se répète un peu ?

Pour résumer : comme pour « Un bonheur parfait » un livre à conseiller aux amateurs de beaux textes et de réflexions sur la vie. Vous l’avez compris lisez les autres d’abord : James suit le lent déroulement de la vie, donc suivez-le et entrez dans son tempo.

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