Alice Cohen : Changer le monde
A travers le visage de la Cahena du premier texte et l’ombre du vieillard du second la narration s’agrippe à ce verbe. Visuels ces deux textes ouvrent à des problématiques existentielles voire intrinsèquement politiques où les notions de joug et de liberté sont essentielles. Les concepts de don, de largesse, de calcul et probité sont revisités dans une langue qui se dispense d’une position libérale (cette nouvelle déclinaison de l’humanisme) afin d’ouvrir le monde comme la fiction à une échancrure qui est autant blessure que rédemption.
La beauté sans concession de la nature comme celle de Prague offrent un contrepoint à deux récits d’appel à la fraternité. La femme (des mères anéanties aux filles plus sereines) reste à travers ses déclinaisons celle qui pourra(it) sauver l’humanité au sein d’épopée guerrières et « domestiques ». L’auteure pour la magnifier devient semblable à « la fillette sérieuse et appliquée brandissant son crayon comme arme de poing à retardement ». Elle le plante avec modèle la princesse berbère qui jette une bouteille dans une mer de sable. Elle devient en symbole des luttes contre l’oubli une flèche d’audace « scellée pour toujours d’un sourire énigmatique à peine ébauché ». Ce pâle sourire traverse les deux nouvelles pour donner un nouveau sens aux mots de Michaux : « Au commencement la répétition ».
Jean-Paul Gavard-Perret
Alice Cohen, Légendes de sable, Les Editions de Panthéon, Paris, 80 pages, 10,80 €.
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